Le nouveau film d’Anne Fontaine s’ouvre sur un leurre prometteur : un homme d’âge déjà mûr dévide ses angoisses, relatives à une paternité récente qu’il ne peut qu’associer à une menace. Le divan que notre regard anticipe ne viendra pas s’inscrire dans le champ. Derrière son bureau, l’homme qui écoute ? Jean-Luc / Charles Berling, […]
Le nouveau film d’Anne Fontaine s’ouvre sur un leurre prometteur : un homme d’âge déjà mûr dévide ses angoisses, relatives à une paternité récente qu’il ne peut qu’associer à une menace. Le divan que notre regard anticipe ne viendra pas s’inscrire dans le champ. Derrière son bureau, l’homme qui écoute ? Jean-Luc / Charles Berling, médecin versaillais qui verra son équilibre perturbé par un revenant, son géniteur prodigue ? s’avère ne pas être psychanalyste, seulement gérontologue. A la liminaire lecture freudienne (tuer le père) de l’énoncé viendrait s’en substituer une seconde, porteuse d’un homicide non déplacé. Malheureusement, cette ambivalence de départ est à mèche courte et, peu enclin à initier d’autres fausses pistes, le film s’en tient à respecter le caractère hautement programmatique de son titre. Dès lors, faute d’en pervertir l’ordonnance, il pâtit de l’à priori irréprochable qualité de ses composantes. On serait bien en peine de pointer des failles dans l’interprétation (chacun est parfait, et c’est peut-être là où le bât blesse) comme dans l’écriture un peu trop consciente de l’élégance de ses rouages, mais cette maîtrise sur-affichée finit par tourner à vide, tant la mise en scène s’emploie à se mettre au diapason de son canevas, à y calquer les atours et signaux que le sujet appelle de ses vœux. Mouvements fluides et enrobants, déplacements des comédiens réglés au millimètre, récurrence des figures de style (Berling flou dans le dos de Bouquet au premier plan en est la plus exemplaire) dénotent moins une réelle inspiration qu’une application studieuse (la comparaison avec le Chabrol de Merci pour le chocolat entérine que n’est pas langien qui veut), qui cadenasse le film et l’empêche de se déployer ailleurs que dans sa propre sphère autarcique.
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