Après A Bigger splash et Rude boy, retour du très rare Jack Hazan avec une petite comédie décalée et inégale. C’est avec plaisir que l’on retrouve Jack Hazan, cinéaste britannique parcimonieux, auteur de A Bigger splash (1974), documentaire sur le peintre David Hockney, et de Rude boy (1980), enregistrement sur le vif de l’aventure Clash […]
Après A Bigger splash et Rude boy, retour du très rare Jack Hazan avec une petite comédie décalée et inégale.
C’est avec plaisir que l’on retrouve Jack Hazan, cinéaste britannique parcimonieux, auteur de A Bigger splash (1974), documentaire sur le peintre David Hockney, et de Rude boy (1980), enregistrement sur le vif de l’aventure Clash et de l’Angleterre des années Thatcher. Hazan présente donc une ciné-pulsation bien particulière : trois longs métrages en vingt-cinq ans et Rude boy, encore très chaud dans nos mémoires, date déjà de… putain, dix-huit ans ! Ce rythme de travail au ralenti est à la fois le garant et la conséquence de la liberté de ton d’Hazan, de sa fraîcheur de regard et de son indépendance à l’égard des modes et des courants. Le cinéaste n’obéit qu’à ses désirs et Comic act vient naturellement s’inscrire dans le sillage de ses deux précédents films : après la peinture et la musique, Hazan a donc décidé de porter son regard sur le « café-théâtre » (traduction française la plus proche du stand-up comic anglo-saxon). Mais si A Bigger splash et Rude boy étaient à la base des documentaires, Comic act est une fiction ancrée dans un terreau documentaire.
En vingt-cinq ans et trois films, Hazan s’est donc toujours tenu sur la frontière docu/fiction, se rapprochant lentement de la seconde. Comic act s’appuie donc sur l’histoire de Gus et Jay, duo comique de seconde zone qui gagne sa croûte dans le circuit des bars londoniens. Un jour, leur manager Danny leur adjoint un troisième membre, Alex, jeune actrice de théâtre moderne. C’est comme si les Frères ennemis devenaient les Nuls. Selon l’éternel principe des vases communicants et des réactions chimiques en chaîne, ce qui va se gagner sur scène va se perdre proportionnellement en coulisses : car si le spectacle s’améliore et se dynamise avec Alex, sa présence va détériorer les relations derrière la scène. Cette modeste réflexion minnellienne sur l’interaction entre vie et spectacle constitue le meilleur de Comic act, d’autant que les comédiens sont excellents et qu’Hazan sait rendre ses personnages très attachants. Il est dommage que le cinéaste s’égare parfois dans des afféteries inutiles, perdant parfois du temps à filmer des décors de lofts branchés ou à compliquer la fluidité narrative. Il en résulte une comédie sentimentale tendre et sympathique, infusée d’un humour très britannique, mais qui souffre de lourdeurs stylistiques et d’un rythme parfois languissant. Le travail des acteurs convainc plus ici que la force de cinéma. Il manque peut-être la rencontre entre un regard et une époque (et un groupe !) qui faisait de Rude boy un document fulgurant. Cela dit, Comic act n’en demeure pas moins un objet digne et tout à fait regardable : dans le contexte désastreux de cet été, c’est déjà beaucoup.
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