Coffret OZU Volume I
Où sont les rêves de jeunesse ? (1932) ; Une femme de Tokyo (1933) ; Histoire d’herbes flottantes (1934) ; Récit d’un propriétaire (1947) ; Printemps tardif (1949) ; Crépuscule à Tokyo (1957)
(Carlotta Films, 4 DVD, environ 60 Û)
Un florilège de la filmographie d’Ozu, qui permet de retracer le parcours du maître.
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LES FILMS On constate qu’à ses débuts Yasujiro Ozu était littéralement obsédé par le cinéma américain, au point d’encombrer ses films d’enseignes anglo-saxonnes et d’y insérer sans prévenir un extrait de Lubitsch (dans Une femme de Tokyo). Très marqué par le burlesque, Ozu est également un précurseur et un contemporain du néoréalisme (cf. Récit d’un propriétaire). S’il emploie très tôt la contre-plongée, qui sera sa seule constante stylistique, c’est un cinéaste plus humaniste que formaliste, plus fordien (Histoire d’herbes flottantes) que bressonien, qui filme aussi bien le prolétariat que la bourgeoisie. Les derniers films de ce florilège en noir et blanc, incluant œuvres muettes (sans musique) et parlantes, montrent l’apogée dramaturgique d’un cinéaste débarrassé de ses influences de jeunesse, optant pour une introversion feutrée, propice à l’analyse sentimentale dont il est devenu le maître.
LES BONUS En prime, plusieurs courts métrages inédits d’Ozu. Rien à dire sur Kagamijishi (1936), captation d’un spectacle de kabuki ; il faut être Barthes pour comprendre. En revanche, Amis de combat (1929) et Un garçon honnête (1929) montrent des facettes passionnantes d’Ozu. Le premier met en scène deux colocataires au comportement chaplinien jusque dans leur bagarre (due à la jalousie engendrée par la SDF qu’ils ont recueillie). Un film hélas incomplet. L’autre court métrage est étonnant. L’histoire d’un kidnapping bizarre, sans contrainte et sans réel objet. Un homme enlève un enfant, l’emmène chez lui et le confie à son complice. L’enfant, turbulent, fait de celui-ci son souffre-douleur. Une œuvre qui semble en grande partie improvisée et fait la part belle au nonsense ; ça se termine par une poursuite
à la Keaton. Quelques documentaires complètent le panorama. Figures : trains et voitures, originale compilation des plans de véhicules chez Ozu
fascinant interlude mécanique. Conversations sur Ozu (1993) : une série de témoignages de divers cinéastes filmés dans leur pays, qui expliquent leur rapport à son œuvre, ce qu’elle évoque pour eux. En particulier Hou Hsiao-hsien, qui a réalisé, en 2004 à Tokyo, son film Café Lumière en hommage à Ozu. Le plus paradoxal est naturellement Aki KaurismŠki, qui dit sa grande admiration pour l’auteur japonais, mais trouve ridicule et inutile le travelling de Voyage à Tokyo. En complément, un petit livret où la critique Diane Arnaud analyse les films en tissant des liens entre eux.
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Vincent Ostria
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