COFFRET 5 DVD OSS 117
OSS 117 SE DÉCHAINE (1963), BANCO À BANGKOK POUR OSS 117 (1964), FURIA À BAHIA POUR OSS 117 (1965) D’ANDRÉ HUNEBELLE ; ATOUT CŒUR À TOKYO POUR OSS 117 (1966) DE MICHEL BOISROND ; PAS DE ROSES POUR OSS 117 (1968) DE JEAN-PIERRE DESAGNAT
(Gaumont, environ 55 e)
Les aventures hilarantes de l’oubliable Hubert Bonisseur de La Bath, précurseur malheureux et franchouillard de Bond, inventé par l’oublié Jean Bruce.
LES FILMS : Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, agent secret américain d’origine française, est un personnage créé, en 1949, par l’ancien as de l’aviation, ancien résistant, ancien flic et nouveau riche Jean Bruce, une brute d’écriture qui vous pondait ses douze romans par an comme son héros tue les méchants rouges ou tombe les hôtesses de l’air nordiques , et qui mourut bêtement, en 1963, en heurtant sauvagement un camion avec sa nouvelle Jaguar MK2 (rien à voir avec Marin Karmitz) immatriculée 117 HJ 60.
André Hunebelle, vétéran du cinéma populaire (Les Trois Mousquetaires, Le Bossu, la série des Fantômas avec De Funès et Jean Marais, etc.), s’empare du héros de ces best-sellers ferroviaires écrits avec les pieds et beaucoup de préjugés sexistes, raciaux, politiques et bon enfant et en tire quelques films tout à fait commerciaux (qu’il produit et parfois réalise), juste avant que les Anglo-Saxons ne lancent le filon James Bond. Ce qu’il y a d’intéressant, dans les cinq films édités ici par Gaumont en dehors du fait qu’ils constituent la source, avec les romans de Bruce, du plagiat réalisé par Philippe De Broca en 1973, Le Magnifique , c’est la manière avec laquelle Hunebelle traite son personnage principal. Le réalisateur, ancien et gentil polytechnicien (comme Paul Vecchiali, Jacques Aumont ou Jean-Charles Fitoussi), alors âgé de 65 ans, aimait beaucoup les jeunes actrices (comme le raconte le cascadeur Michel Chiffre dans l’un des bonus). Or, il est évident qu’il s’ingénie à ridiculiser le jeune bellâtre Hubert en le faisant incarner par des acteurs-bûches : Kerwin Mathews ou Frederick Stafford représentant en produits pharmaceutiques d’origine australienne qui fut « casté » par Hunebelle au bord d’une piscine.
Il est d’ailleurs symptomatique que le plus mauvais des cinq films soit interprété par le meilleur (le seul ?) véritable acteur du lot, John Gavin (qui avait tourné avec Hitchcock, Sirk et Kubrick), qui est beaucoup trop souple pour avoir l’air suffisamment crétin. Autre plaisir de ces cinq films : l’exotisme, la capacité à filmer des décors naturels de telle façon qu’on ait l’impression qu’il s’agit de décors en studio, ou même de transparences. Tout est faux, et c’est beau. Dans le génial Furia à Bahia pour OSS 117, Hunebelle abolit le temps et les distances, puisque les 835 kilomètres qui séparent normalement Rio de Janeiro de Bahia paraissent n’en représenter qu’une dizaine.
Enfin, l’un des autres grands plaisirs de ces films du samedi soir, avec les musiques somptueuses de Michel Magne, réside dans l’inanité absolue, et donc très moderne, des dialogues. Quand Mylène Demongeot dit à Frederick Stafford : « Avec vous, on ne doit pas s’ennuyer… » et qu’il lui répond : « Avec vous non plus, j’en suis sûr« , on n’est plus très loin d’Antonioni.
LE DVD : Plein d’images d’archives sur le tournage, les années 60 ou la sortie des films. Une interview des enfants de Jean Bruce, et surtout un entretien avec Mylène Demongeot, plus mauvaise langue que langue de bois.
J.-B. M.
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