Le retour de « Clerks » : pétard mouillé.
Kevin Smith avait séduit en 1994 avec son premier long métrage, Clerks, où deux glandeurs, Dante et Randal, respectivement tenanciers d’une supérette et d’un vidéoclub dans le New Jersey, déblatéraient ad libitum sur l’amour, la mort, Star Wars, le cul, etc. Le film, qui avait comme atout son minimalisme esthétique – 16 mm, noir et blanc granuleux et unité de lieu –, opposait aux héros un autre couple, les dealers clownesques Jay et Silent Bob (incarné par le cinéaste), qui firent l’objet de plusieurs films de Smith et même d’une série animée. On retrouve ce petit monde dans Clerks II, où l’esprit frondeur et dérisoire persiste. Mais la magie s’est évaporée. On passe à la vulgarité de la couleur et du fast-food où Randal et Dante ont atterri après la destruction de leur échoppe. Clerks II, qui serait une épatante sitcom déviante, est cinématographiquement indigent. L’unique idée de Smith est de faire tourner la caméra autour des héros lors d’un moment de détresse. Et si l’on creuse un peu au-delà de la provoc trash, la trame du film reste traditionnelle, voire fleur bleue.