Au sein de cette riche sélection, un documentaire de Pasolini et un inédit de Rossellini. Passé l’après-guerre et les bouleversements du néoréalisme, le cinéma italien a vu l’apparition de cinéastes influencés par ce mouvement (Taviani, Pasolini) mais affranchis de certains de ces interdits esthétiques souvent dictés par des restrictions budgétaires. Mamma Roma (1962) marque une […]
Au sein de cette riche sélection, un documentaire de Pasolini et un inédit de Rossellini.
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Passé l’après-guerre et les bouleversements du néoréalisme, le cinéma italien a vu l’apparition de cinéastes influencés par ce mouvement (Taviani, Pasolini) mais affranchis de certains de ces interdits esthétiques souvent dictés par des restrictions budgétaires. Mamma Roma (1962) marque une étape magnifique vers cette idée de « cinéma de poésie » chère à Pier Paolo Pasolini. Dès les premiers plans, les distances prises avec le néoréalisme, et avec les autres films consacrés au petit peuple italien, sautent aux yeux. Les références visuelles de Pasolini sont avant tout picturales. La frontalité du cadre, les personnages placés au centre du plan, figures de style fréquentes chez Pasolini, viennent de certains peintres du trecento, Masaccio ou Giotto, que le cinéaste admirait. L’utilisation de la musique classique (ici Vivaldi), le refus du plan-séquence ou du son direct participent à cette « fétichisation du réel » qui rend l’œuvre pasolinienne absolument unique au sein du nouveau cinéma des années 60. Sur le même disque que Mamma Roma, Carnet de notes pour une Orestie africaine (1969) permet de vérifier que le travail documentaire de Pasolini est tout aussi admirable que ses films de fiction ou son œuvre littéraire.
Trop souvent réduit à l’étiquette inexacte de chef de file du néoréalisme (avec Visconti et De Sica), Roberto Rossellini a poursuivi après Rome, ville ouverte, Paisà et Allemagne, année zéro une œuvre protéiforme qui surprend encore par son éclectisme et ses prises de position. Rossellini va développer un cinéma de plus en plus didactique et pédagogique, délaissant l’enregistrement du réel et d’événements contemporains pour transformer sa caméra en machine à remonter le temps, et à filmer l’histoire de l’humanité (et de l’Italie). Dans Onze Fioretti de François d’Assise (1950), Rossellini fait jouer à des vrais moines des épisodes de la vie de saint François et de ses disciples, et signe un chef-d’œuvre spiritualiste dans lequel le cinéaste met son art au service du message franciscain. Dix ans plus tard, Viva l’Italia ! est une fresque sans emphase sur le combat de Garibaldi pour la création de l’unité italienne. Anno uno (1974) est une biographie de l’homme politique Alcide De Gasperi, fondateur après-guerre de la démocratie chrétienne. Inédit en France, l’avant-dernier long métrage de Rossellini pour le cinéma provoqua quelques remous en Italie. Accusé de s’être vendu à la droite, Rossellini livra finalement un film qui dérouta tout le monde, de ses commanditaires à ses plus fervents admirateurs.
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