On se demande si le titre est du second degré ou quoi. Pourtant, rien ne nous dit qu’il s’agit d’une comédie. Si c’en est une, elle est vraiment cruelle pour ses personnages, qui n’ont rien de “civilisés”. Surtout pas les femmes, qui en prennent sacrément pour leur grade dans ce tableau acerbe de la vie […]
On se demande si le titre est du second degré ou quoi. Pourtant, rien ne nous dit qu’il s’agit d’une comédie. Si c’en est une, elle est vraiment cruelle pour ses personnages, qui n’ont rien de « civilisés ». Surtout pas les femmes, qui en prennent sacrément pour leur grade dans ce tableau acerbe de la vie à Beyrouth en 1980, à l’époque du conflit destructeur du Liban, que Beyrouth fantôme, œuvre infiniment plus raffinée, nous a remis en mémoire il y a quelques mois. Bien que réalisé par une femme, Randa Chahal Sabbag, Civilisées se révèle misogyne en nous montrant des mégères frivoles, vulgaires et la plupart du temps hystériques, qui égalent par leur violence verbale la brutalité des petits Rambo en herbe qui font la loi dans la ville et paradent en treillis avec leurs engins de mort. L’action se déroule partiellement dans un immeuble à demi abandonné où deux lesbiennes égyptiennes agonissent d’injures des domestiques sri-lankaises vivant à l’étage en dessous, et où une riche bourgeoise maniérée et évaporée attend un hypothétique appel de son amant. Pendant ce temps, des Roméo et Juliette locaux, un milicien musulman et une jeune ingénue chrétienne, se la jouent mélo, et un journaliste français en prend plein la gueule. Certes, ce film censuré au Liban a acquis une certaine aura médiatique quand la cinéaste et son équipe ont reçu des menaces de mort à cause de dialogues très crus à l’encontre aussi bien des musulmans que des chrétiens. La sortie française, d’abord programmée en novembre 99, a dû être reportée et certains mots ont été bipés. Mais ce statut de victime n’est pas une garantie de qualité artistique. Bien sûr on n’est pas partisan de la censure, bien sûr on se doute que la cinéaste avait un lourd contentieux à régler avec son pays, mais elle renvoie à ses compatriotes une image impitoyable d’eux-mêmes, sans nuances, et on peut comprendre qu’ils ne la digèrent pas.
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