On va voir certains films juste pour les acteurs, par curiosité. Et bien sûr, on est souvent déçus, en particulier quand on les voit embringués dans des polars calibrés comme celui-ci. Certes, Harvey Keitel est égal à lui-même. Mais le film ne le regarde pas et ne lui donne presque rien à faire, à part […]
On va voir certains films juste pour les acteurs, par curiosité. Et bien sûr, on est souvent déçus, en particulier quand on les voit embringués dans des polars calibrés comme celui-ci. Certes, Harvey Keitel est égal à lui-même. Mais le film ne le regarde pas et ne lui donne presque rien à faire, à part cogner, cogner et recogner. On se dit que l’intérêt du film est peut-être là, dans l’opiniâtreté aveugle du personnage et sa faculté christique à encaisser les coups et les balles. Cela pourrait excuser son aspect mutique, presque monolithique. Mais on ne marche plus quand le tacheron de service, John Irvin, essaie de nous rouler dans la farine avec des angles et mouvements de caméra incongrus, des ralentis, des effets pyrotechniques, des décors pittoresques tendance crade. Et il ajoute encore une couche d’exotisme en disséminant sur le parcours du combattant quelques escouades de gangsters blacks et chinois. Qu’on ne vienne pas arguer que le film présente un minimum d’humanité et de psychologie grâce à la jeune veuve éplorée et courageuse d’un gangster latino : c’est le minimum syndical de tout polar américain. Je ne retiendrai qu’un bref moment, un détail infinitésimal qui détonne dans cet engrenage huilé de la violence macho : celui où Stephen Dorff s’empare de but en blanc du crayon à maquillage de sa copine et commence à faire les comptes du hold-up sur le dos d’icelle. Cet acte totalement gratuit, fantaisie érotico-arithmétique style Les Liaisons dangereuses (version Frears), est bien le seul dérapage heureux dans un film téléguidé.
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