L’appel du Club des 13 a été entendu, notamment du côté du Centre National de la Cinématographie qui esquisse une série de mesures à concrétiser. Du coup, Pascale Ferran se réjouit.
Dans l’hebdomadaire Le Film français, Véronique Cayla, directrice du Centre national de la cinématographie, rendait publiques les conclusions de diverses organisations professionnelles, missionnées par le ministère de la Culture. Cette sollicitation de Christine Albanel était une réponse à l’appel vigoureux aux pouvoirs publics lancé par un groupe de cinéastes, producteurs, exploitants…, dit le Club des 13. Il s’agissait de pallier l’extrême précarisation de toute forme de cinéma de recherche et la menace de disparition d’un cinéma dit “du milieu”, à savoir d’auteur, correctement produit et à vocation populaire.
Ces premières conclusions du CNC portent uniquement sur la question de la production et de l’écriture. Elles se répartissent en quatre points.
1. Les mécanismes de redistribution sont renforcés au profit du cinéma le plus singulier et le moins bien exposé. Ainsi, le soutien automatique producteur (issu d’un ensemble de taxes, notamment sur tous les billets de cinéma vendus, y compris pour des films américains) est sensiblement augmenté concernant les films ayant réalisé moins de 500 000 entrées, et diminué pour ceux qui, grâce au marché, réalisent d’importants bénéfices (plus de 5 millions d’entrées).
2. Le producteur délégué, celui qui initie et accompagne le projet, voit augmentée sa part de soutien automatique. Sa fonction est ainsi distinguée des simples coproducteurs (par exemple des chaînes de télé), dont l’implication dans le processus créatif est moindre.
3. Deux aides aux auteurs sont créées, permettant de mieux financer la période d’écriture ou de conception d’un nouveau projet.
4. L’enveloppe de l’avance sur recettes devrait être sensiblement revue à la hausse et, surtout, les sommes accordées (jusque-là dans des zones identiques à tous) devraient être échelonnées en fonction du budget et de la difficulté de financement des projets. Ce point est important car on sait que de nombreux films ayant eu l’avance par le passé l’ont perdue par défaut de montage financier complémentaire. Dorénavant, l’avance pourrait être davantage décisive dans l’effectuation des projets.
Pascale Ferran, membre des 13, se réjouit “de la qualité des méthodes de réflexion mises en place par le CNC”. Elle regrette néanmoins “que l’augmentation de l’avance sur recettes, qui va dans le sens d’un désserrement de l’étau des télévisions sur le cinéma français, ne soit pas plus clairement définie dès maintenant”. Ces mesures sont désormais en attente de validation ministérielle. Un deuxième groupe devrait ensuite réfléchir à la distribution (en salle, VOD, DVD…). Il faut saluer la ténacité et la rigueur méthodique de ces treize professionnels bénévoles, qui ont réussi à se faire entendre et à obtenir des mesures sainement régulatrices en ces temps d’affolement incontrôlé des marchés.