L’auteur de « Playlist » passe à la question cinéphile.
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Charles Berbérian (Monsieur Jean, Playlist…) inaugure avec nous l’un des futurs rendez-vous récurrents des Inrocks.com Cinéma, le questionnaire Cinébédé. Une à deux fois par mois, un auteur de bandes dessinées nous parlera du rapport qu’il entretient au cinéma et ses images, aussi bien à titre personnel qu’artistique. Histoire de voir ce qui du septième art parvient à s’insinuer dans le neuvième, et inversement.
Êtes-vous cinéphile ?
Moins que mon frère mais il l’est tellement que je suis sûrement plus cinéphile que la moyenne.
Citez et définissez 3 films chéris.
Broadway Danny Rose : la plupart des films de Woody Allen depuis Annie Hall ont chacun figuré à tour de rôle au haut de la liste. Selon l’humeur, la saison, la température, je pourrais citer un jour Crimes et Délits, Stardust Memories, Manhattan… Ce que j’aime particulièrement dans celui-là, c’est sa gestuelle et la dimension tragique et résignée du personnage, Broadway Danny Rose, le perdant magnifique. Mais chaque personnage a une gestuelle très définie, le film est très chorégraphique. J’aime le noir et blanc, la scène d’ouverture dans un déli, les amis de Danny qui mastiquent le pastrami et les mots.
Je choisis ce film dans cette liste si courte en sacrifiant de bonne grâce The Big Lebowski des frères Coen parce que d’une certaine manière, sûrement exagérée, mais tant pis, je trouve que le meilleur des Coen prend racine ici.
Je choisi également un Truffaut. Tirez sur le pianiste parce que c’est celui que j’ai le moins vu et celui qui me ravit le plus aujourd’hui par sa liberté d’écriture, la fantaisie des dialogues, la mélancolie d’Aznavour et la beauté de Marie Dubois. C’est un film également très graphique, très chorégraphique aussi, surtout la scène finale dans la neige. On a souvent qualifié le cinéma de Truffaut de très littéraire, je trouve ça complètement faux. Truffaut est très visuel et très musical également. Je peux regarder un film de Truffaut en coupant le son, ou bien à l’inverse écouter la musique des dialogues sans l’image. J’entends par musique des dialogues le phrasé des acteurs. Le phrasé est une caractéristique non négligeable de son style, non ? Enfin, moi je trouve.
Enfin, j’aime beaucoup Sam Mendes et j’ai déjà vu plusieurs fois Les Sentiers de la perdition. C’est un film que je trouve fascinant. À la fois très sobre et très stylisé. Je suis très admiratif de ceux qui arrivent à façonner un style sans tomber dans le maniérisme. Mendès est très humble par rapport à l’histoire du film, aux acteurs dont il capture le jeu admirablement et admirativement. Je crois qu’il aime autant les acteurs que Woody Allen et François Truffaut, en même temps qu’il est viscéralement impliqué dans une idée du cinéma, les corps, les choses en mouvement et l’image qui suit.
Quel écho trouve le cinéma dans votre dessin (en termes narratifs, graphiques…) ?
D’abord le plaisir de raconter.
Et dans votre imaginaire ?
Moi, les metteurs en scène m’ont appris à observer. L’imagination pour moi, c’est une manière d’organiser, ou de composer avec, ce que j’ai recueilli en observant.
Vous arrive-t-il parfois au cinéma de retrouver dans un film quelque chose de la BD ?
En dehors des films adaptés d’une bande dessinée (où souvent, on ne retrouve que très peu d’éléments tirés de l’œuvre originale), ce que je retrouve ? Pas grand chose. Et encore moins que pas grand chose dans des films dont on dit que c’est de la « bande dessinée » pour expliquer que le scénario est peu plausible.
Si vous deviez adapter un film en BD ?
Aucun intérêt. Mais à 12 ans, après avoir vu Phantom of the paradise de Brian De Palma, j’avais tellement envie de revoir le film tout de suite (les magnétoscopes, le téléchargement, les DVD n’existaient pas encore), que je me suis mis à le dessiner. Je me suis arrêté au bout d’une page.
Je n’arrivais pas à dessiner la musique.
Dernier livre paru : Carnets d’Istanbul (Cornélius, 2006)
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