Le cinéaste américain s’inspire des classiques muets et prolonge ses élaborations de montage pour sa fresque militaire historique.
Dans une interview donnée à Première, le cinéaste américain s’est étendu sur les fondements de Dunkerque, son prochain film, au casting duquel on retrouve Cillian Murphy, Mark Rylance et Tom Hardy..
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Après la SF monumentale, Nolan s’attaque à un autre genre fondamental, le film de guerre, s’inscrivant de fait dans une lignée de réalisateurs modernes inspirés par les grandes fresques pacifiques de la première moitié du XXe siècle, tel A l’Ouest rien de nouveau (1930), parmi lesquels on peut citer Malick, Coppola, Kubrick et bien entendu Spielberg.
C’est sur l’évacuation du Corps expéditionnaire britannique et de soldats français de Dunkerque, encerclée par les troupes allemandes, par la Royal Navy en Mai/Juin 1940 que va se concentrer l’intrigue du film. Si les enjeux sont simples, le réalisateur en proposera une lecture fractionnée sur trois espace-temps: la plage, la mer, les airs.
Pour les soldats embarqués dans le conflit, les événements se passaient sur des temporalités différentes. Sur terre, certains sont restés une semaine coincés sur la plage. Sur l’eau, les événements ont duré un jour maximum ; et si vous voliez vers Dunkerque, les spitfire britanniques emportaient une heure de fuel. Pour mêler ces différentes versions de l’histoire, il fallait qu’on mélange les strates temporelles. D’où la structure compliquée ; même si l’histoire, encore une fois, est très simple.
Une inspiration venue du muet
La structure du film semble ainsi jouer de la tension créée entre les trois lignes temporelles. Les films du réalisateur fonctionnent régulièrement sur la montée du suspens ou de la tension grâce au montage parallèle (les détonateurs sur les bateaux de The Dark Knight, les croisements temporels d’Interstellar), et Dunkerque ne devrait pas déroger à la règle: peut-être un climax où les trois fils se rejoindraient ? L’expression cinématographique « pure » semble être la principale préoccupation du réalisateur, qui met de côté une utilisation des dialogues parfois envahissante:
L’empathie pour les personnages n’a rien à voir avec leur histoire. Je ne voulais pas passer par le dialogue, raconter le passé de mes personnages. Le problème n’est pas de savoir qui ils sont, qui ils prétendent être ou d’où ils viennent. La seule question qui m’intéressait c’est : est-ce qu’ils vont s’en sortir ? Vont-ils se faire tuer par la prochaine bombe en tentant de rejoindre le môle ? Ou vont-ils se faire écraser par un bateau en traversant ?
Christopher Nolan confie d’ailleurs s’être inspiré de Robert Bresson pour voir comment la concentration sur un détail pouvait jouer sur la tension dramatique. Des films muets fondateurs comme L’Aurore (1927) de Murnau ou Intolérance (1916) de Griffith l’ont également nourri par leur gestion des masses:
J’ai passé un temps fou à revoir les films muets. Pour les scènes de foules. La manière dont les figurants bougent, évoluent, la manière dont l’espace est mis en scène et la manière dont les caméras captent ça, les point de vue utilisés. Revoir Intolérance, L’Aurore ou Les Proies a été un exercice essentiel et très nourrissant.
L’intégralité de l’entretien est à retrouver dans le numéro 476 de Première, actuellement en kiosque. Dunkerque sortira le 19 Juillet dans les salles françaises.
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