L’Iranien Emad Aleebrahim Dehkordi signe un premier film efficace et intéressant à plus d’un titre.
Du cinéma iranien actuel, on connait surtout la face la plus célébrée. Celle de films à visée politique redoutable, dont la violence offre un tableau pour mieux sonder, à l’intérieur de scénarios extrêmement verrouillés, les excès et les misères humaines de la société.
Un pan de cinéma cristallisé cette année par les deux films iraniens infiltrés dans la Compétition du dernier Festival de Cannes, avec Les Nuits de Mashhad d’Ali Abassi et Leila et ses frères de Saeed Roustaee. Chevalier noir, le premier film de l’Iranien Emad Aleebrahim Dehkordi (diplômé de la prestigieuse école Le Fresnoy) poursuit les traits de cette tradition tout en lui offrant un nouveau visage, jeune et revitalisé.
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De nouvelles images de la société iranienne
À Shemroon, un quartier du nord de Téhéran, Iman (Iman Sayad Borhani) et son jeune frère Payar (Payar Allahyari) vivent avec leur père âgé et veuf. Tandis que le cadet se consacre à la boxe et essaie de mener une vie aussi normale que possible, son grand frère se lance dans une entreprise risquée : se fournir auprès de redoutables trafiquants de drogue pour dealer dans un second temps à des connaissances issues de la classe supérieure urbaine de Téhéran.
À la fois drame social sur fond de lutte de classes et sur les abus d’un capitalisme sauvage toujours en extension et tragédie moderne, Chevalier noir est conduit avec une efficacité et un professionnalisme imparable qui s’avère parfois trop prévisible (symbolisé par une moto dont le personnage prédit qu’elle serait maudite et qui annonce hélas un peu vite l’issue du film).
On retient surtout un fiévreux portrait en mosaïque d’une jeune génération iranienne urbanisée jusqu’ici très peu visible dans le cinéma iranien. D’un côté, une jeunesse dorée qui s’évade du quotidien dans des soirées tout en néons, cocaïnées, au sommet de grandes tours d’immeubles et, de l’autre, le portait d’une grande délicatesse d’une relation fraternelle.
Chevalier noir d’Emad Aleebrahim Dehkordi. En salles le 22 février.
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