Le Christ est mort. Anniversaire de sa mort oblige, sort un film sur la période bolivienne du Che, révolutionnaire asthmatique et fatigué. Richard Dindo, cinéaste documentariste, se définit comme un “biographe de l’autobiographie” et croit que “le cinéma est l’art même de la biographie”. De fait, depuis le début des années 70, Dindo poursuit une […]
Le Christ est mort. Anniversaire de sa mort oblige, sort un film sur la période bolivienne du Che, révolutionnaire asthmatique et fatigué.
Richard Dindo, cinéaste documentariste, se définit comme un « biographe de l’autobiographie » et croit que « le cinéma est l’art même de la biographie ». De fait, depuis le début des années 70, Dindo poursuit une oeuvre cohérente et méthodique qui mêle parcours individuel et histoire du xxème siècle histoire des gauches et des mouvements révolutionnaires en particulier. A partir de textes littéraires, de documents divers (journaux, lettres) ou de témoignages, Dindo reconstitue la vie ou des segments de vie de personnages célèbres (Max Frisch, journal ; Arthur Rimbaud, une biographie) ou inconnus (reporter photographe suisse, acteur cinéaste suisse, graphiste, peintres naïfs suisses, Suisses engagés dans la guerre d’Espagne, jeunes contestataires suisses tués par la police…). Richard Dindo est suisse, de gauche, et en tant que tel, obsédé par les guerres des autres. Il a fait en 1994 ce film sur Ernesto Guevara, qui est déjà passé sur Arte et qui sort maintenant en salles, anniversaire de la mort du révolutionnaire oblige. Centré sur les onze mois de guérilla en Bolivie où Guevara finit descendu par l’armée régulière, le film, après un rapide rappel des données historiques (le Che venait de quitter Cuba après avoir essuyé les remontrances de Castro, mécontent des propos désobligeants que celui-ci venait de tenir sur les Soviétiques et la coexistence pacifique), fait le va-et-vient entre une illustration des notes que le Che consignait dans son journal pendant cette période (texte lu d’une voix monocorde et soporifique par Trintignant) et une évocation (Christine Boisson on the mic), à base de photos d’archives, des événements adjacents (Régis Debray en prison, etc.).
Dindo « voit dans la mort du Che comme une métaphore de la défaite de la lutte révolutionnaire, comme une métaphore de la mort de l’utopie » et n’a pas voulu par ce film « expliquer l’échec, analyser la défaite après coup » mais « amener le public à voir avec les yeux du Che, pour qu’il puisse s’identifier à lui et comprendre par lui-même, sans que ce soit (Dindo) qui dirige l’émotion et les explications ». Ce qui fait beaucoup de mots pour un film finalement très conventionnel, sérieux et documenté certes, mais ronronnant et poseur. Ce qui surprend, c’est l’extraordinaire pulsion suicidaire, l’appétance au martyre qui animaient cette poignée d’hommes en armes venus se perdre dans la forêt. Le documentaire n’explique pas très bien comment le Che et ses hommes escomptaient déclencher un nouveau Vietnam en Bolivie. On a l’impression qu’ils n’avaient pas l’air de le savoir eux-mêmes et que, harcelés par la stupidité des militaires boliviens qui les ont traqués puis décimés, ce Christ fatigué et asthmatique et sa bande d’apôtres étaient plutôt pressés de gravir leur Golgotha.
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