A l’occasion de la sortie du très controversé Antichrist de Lars Von Trier qui lui a valu la palme de la meilleure actrice, retour sur le parcours de Charlotte Gainsbourg de ses débuts d’Effrontée à l’apothéose cannoise.
1985
L’Effrontée de Claude Miller
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A l’époque, tout le monde la juge ingrate, s’inquiète même pour sa santé mentale, alors qu’elle elle est seulement charmante, cette préado. Saisie en plein acné, Charlotte Gainsbourg est encore considérée comme la fille de son père et de sa mère. Fille de. Le plus frappant : sa voix très douce, sa timidité. A chaque fois que l’on revoit le film (sans doute le meilleur de Claude Miller avec La meilleur façon de marcher), on est saisi de chagrin quand Charlotte demande à Bernadette Lafont « Tu ne trouve pas que la vie est un peu brutale, parfois ? ». Quand elle reçoit le César du meilleur espoir féminin, son papa pleure comme une madeleine, et on est un peu agacés et touchés par la mièvrerie de ces « parents de » qui d’un côté s’émeuvent quand leur progéniture reçoit un prix et qui de l’autre s’amusent allègrement avec le tabou de l’inceste (Lemon Incest etc).
1988
La Petite voleuse de Claude Miller
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Encore Miller, qui adapte ici un scénario abandonné de Truffaut, dont il fut l’assistant. Mais Charlotte est alors à la fin de l’adolescence, dans une zone indistincte où elle n’est plus la petite gentille qu’elle était et la femme forte qu’elle va devenir. Indistincte, donc un peu inconsistante… Surtout face à Simon Delabrosse, jeune premier de choc qui connaitra un destin tragique.
1991
Merci la vie de Bertrand Blier
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Bertrand Blier est à la mode. Charlotte et Anouk Grinberg aussi ? Merci la vie est l’un des derniers chants glorieux de Blier, qui commence à s’autoparodier, dans sa veine becketto-audiardienne : la vie étant affreuse et absurde, faisons des mots, babillons gaiement. Le tout enrobé dans une lumière pubarde assez cafardeuse, un caddy qui roule sur une autoroute sans fin, la mer… Godard et Beineix sur une plage. Déprimant.
1999
La Bûche de Danièle Thompson
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Tournant dans sa carrière. Charlotte joue dans une comédie (pas fameuse). Elle y joue une jeune femme dépressive, rôle qui convainc d’emblée le public. L’ado maladivement timide a donc laissé place à une jeune femme sèche et névrosée, capable d’être désagréable. Mais l’amour, toujours, même triste, n’est pas bien loin. Charlotte peut désormais aborder des rôles plus ambigus.
2001
Ma femme est une actrice de Yvan Attal
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Charlotte, très jeune, est un jour tombée sous la coupe du comédien français Yvan Attal. On ne le leur a jamais pardonné. Dans son premier long-métrage en tant que réalisateur, Attal met en scène le fantasme de tout homme ayant un jour cauchemardé qu’il aurait une liaison avec une actrice célèbre. Comment supporter qu’elle tombe dans les bras d’autres acteurs, qu’on la voie nue sur un écran. Comment soigner ou tout au moins gérer sa jalousie ? Joli sujet, joli succès du film, même si celui-ci ne tient guère ses promesses. Et si Attal ne disait pas toute la vérité, tournait autour d’elle en faisant des pieds de nez et des grands écarts pour nous distraire. Et s’il n’avait pas osé aller suffisamment loin ? Quant à Charlotte, elle paraît un peu godiche sur le piédestal où son époux a prétendu l’élever. Ce n’est pourtant pas la place idéale pour la Gainsbourg. C’est en star quotidienne qu’elle doit trôner. Celle qu’on croise dans la rue dans son bel imper, pas une bombasse de plus.
2006
La Science des rêves de Michel Gondry
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Le rôle le plus birkinien de Charlotte dans ce retour à la France du cinéma de Michel Gondry, avec ses gros pulls et ses petites lunettes d’intello, le jean pattes d’eph qui tombe bien, les cheveux n’importe comment. Là encore, un bordel très organisé. Au cinéma, Charlotte n’est jamais ni une vraie mère, ni une fille, elle reste une jeune femme, c’est très étrange.
2007
I’m Not There de Todd Haynes
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Trop glamour, trop classe, trop frenchy, Charlotte, désormais considérée comme la française la mieux habillée du monde par ses fans anorexiques, joue une compagne française de Bob Dylan à ravir. Elle semble évoluer dans un nuage de barbe-à-papa, un monde où tous les pulls sont angoras et la musique vous enveloppe comme un sirocco de marijuana à Times square. Et le tout, en noir et blanc quand il le faut, bien sûr. Top glamour, on vous dit. Robert, on te comprend…
2009
Antichrist de Lars von Trier
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Fesses nues, elle court dans une forêt humide pour retrouver Willem Dafoe et le lui faire payer (quoi, au juste, on ne sait pas très bien). Elle regarde en souriant son jeune fils tomber par la fenêtre, elle accroche une meule au mollet de Willem, lui écrase le bas ventre avec une bûche (hommage à Danièle Thompson ?), puis le branle pour lui faire éjaculer du sang. Enfin, elle se coupe le clitoris avec une paire de ciseaux. Le reste du temps, elle joue les possédées, sourit en disant des insanités. Curieusement, même ceux qui détestent le film trouvent que Charlotte s’en sort très bien. Drôle d’idée. On la sent investie, c’est certain, mais tout autant que Dafoe… Toujours est-il qu’on savait comment obtenir un oscar (jouer un handicapé ou un personnage historique) et que l’on connaît désormais le secret d’un prix d’interprétation féminine à Cannes : se charcuter les parties génitales (comme… Isabelle Huppert dans La Pianiste de Haneke…). Mesdames, à vos lames !
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