Comment avoir été la fille la plus banale et devenir l’actrice la plus teigneuse de sa génération ? Dans Prometheus de Ridley Scott, balayant l’anecdotique Noomi Rapace et son alien, Charlize Theron fusille du regard. Dans Blanche-Neige et le chasseur, elle dévore l’idole romantique de l’époque (Kristen Stewart). Question physique, elle n’avait pourtant aucune chance, […]
Comment avoir été la fille la plus banale et devenir l’actrice la plus teigneuse de sa génération ? Dans Prometheus de Ridley Scott, balayant l’anecdotique Noomi Rapace et son alien, Charlize Theron fusille du regard. Dans Blanche-Neige et le chasseur, elle dévore l’idole romantique de l’époque (Kristen Stewart). Question physique, elle n’avait pourtant aucune chance, pénalisée par une banalité de bon aloi. Et puis, quelque chose peu à peu est monté qui lui a donné forme.
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Dans Monster (2003), où elle explosa la première fois, quelque chose de sourd dépassait le bénéfice immédiat de la performance : monstrueuse, oui elle l’était, mais c’était surtout sa détermination qui faisait peur. Depuis, elle ne cesse de se durcir, dépassant d’une tête, puis de deux, puis de trois toutes ses concurrentes. Avec Cameron Diaz et Nicole Kidman, elle forme un trio blond gagnant : elle a la force body-buildée de la première et le génie intérieur de la seconde, et certainement une forme de clairvoyance supérieure, là où ses deux collègues se perdent sur les vagues surfeuses et dans les angoisses du vieillissement.
Car Charlize Theron, c’est la force carrossée faite femme : un corps qui bouge comme autant de pièces métalliques assemblées, un port d’airain, et l’impression qu’elle entend tout, voit tout et peut sauter en un quart de seconde sur quiconque menace son existence. Instinct de survie qui jamais ne jette la perche de la compassion : en début d’année, dans Young Adult, envers et contre tous, elle s’arcboutait contre la corruption de la tendresse, mais laissait quelquefois ses yeux s’emplir de larmes dont, génie ultime, on ne savait jamais si elles témoignaient d’une vulnérabilité ou d’une rage accrue.
Lorsqu’on connaît son enfance si violente, quand on se souvient que les grandes actrices teigneuses d’Hollywood furent aussi des tireuses de larmes de génie (Joan Crawford, Barbara Stanwyck, Bette Davis), on se dit que la chose qui lui reste à faire, ce n’est pas tuer un énième salaud, mais s’abandonner au mélo.
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