Charbons ardents

Une application viable du socialisme au sein d’une entreprise ? Une utopie transformée en échec cuisant ? Eh bien non, depuis 1994 au pays de Galles, à la mine Tower, cela se passe, et plutôt de belle façon. Un superbe pied de nez à la mondialisation et à Thatcher qui en 93 avait décidé de fermer la mine, afin d’éliminer définitivement le mineur, cet ennemi de l’intérieur . Jean-Michel Carré a donc filmé pendant l’année 98 ces mineurs, devenus depuis quatre ans, des actionnaires-employés’ ou encore ouvriers-directeurs’, sauvant la mine de la fermeture en réinvestissant leurs indemnités de licenciement. Ici, la démocratie confrontée à la réalité économique et humaine est un combat de chaque jour. Carré assiste à la vie de ces gueules noires, où l’aventure de la mine et leur histoire privée sont enserrées par de forts liens de solidarité et forment un tout. Que ce soit pendant les matchs de rugby, à la fanfare, dans les galeries à deux cents mètres sous terre, au pub ou à la cantine, les mineurs font part à la caméra de leurs problèmes, espoirs, blocages. Carré est aussi présent lors des assemblées générales et réunions d’informations, où syndicats et actionnaires s’affrontent au sujet d’un projet prôné par Tyrone O Sullivan. Voyant le long terme, Tyrone veut reconvertir ce lieu en musée historique et en centre touristique, avec un hôtel souterrain pour passer une nuit de silence total’. Il compte ainsi créer 300 postes sur dix ans et assurer l’emploi pour les générations futures. Cette expérience d’autogestion dans le milieu ouvrier, Carré la rapproche de la fondation de sa propre maison de production, Grain de Sable , qui assure son indépendance financière et de distribution, pour notre plus grand bien.

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