Andrzej Zulawski, ce qui frappe chez vous et dans votre film, c’est votre modestie. Je suis issu d’une famille dont dix-huit noms sont inscrits dans l’encyclopédie polonaise : écrivains, musiciens, peintres… mais j’y suis le seul cinéaste. Quand on voit vos films, on vous imaginerait plutôt sculpteur, chorégraphe… voire batteur de heavy-metal. Je suis cinéaste […]
Andrzej Zulawski, ce qui frappe chez vous et dans votre film, c’est votre modestie.
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Je suis issu d’une famille dont dix-huit noms sont inscrits dans l’encyclopédie polonaise : écrivains, musiciens, peintres… mais j’y suis le seul cinéaste.
Quand on voit vos films, on vous imaginerait plutôt sculpteur, chorégraphe… voire batteur de heavy-metal.
Je suis cinéaste dans l’âme. J’avais envie de refaire un film en Pologne qui en avait probablement besoin. La Pologne essaie de revenir à une vraie démocratie après cinquante ans de communisme et il y a une véritable nécessité à ce que nous, « les artistes », apportions notre contribution.
Euh, excusez-moi, mais entre votre mysticisme de bazar et vos scènes de baise récurrentes, je n’avais pas perçu le lien entre Chamanka et la réalité polonaise. Je croyais que la motivation essentielle était de filmer Iwona Petry, votre (très belle) comédienne, à poil.
Le cinéma polonais actuel ne reflète pas la réalité quotidienne des jeunes, ni leurs problèmes, en particulier sexuels et donc religieux. Ils sont à la dérive… J’ai tenu à respecter l’esprit féminin de l’écriture de Chamanka, même si je peux être déconcerté par certaines motivations de certains personnages…
Ah, vous aussi… Euh, entre votre lumière sale, vos plans de barbaque ou de rats grouillants, etc., pourquoi ce film est-il si laid ?
Je n’ai jamais fait de films certifiés d’avance. Le « main road » ne m’a jamais intéressé… Mais je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir loupé un chef-d’œuvre, mes films ont une tenue, une ligne, ils veulent dire quelque chose, ils ont une éthique.
Toujours cette humilité, cette lucidité qui vous honorent. Quand même, le jeu de votre actrice n’est-il pas un peu hystérique, la musique un peu plombante, la plupart des scènes un peu répétitives, vos allégories un peu lourdes et littérales ? Bref, n’en faites-vous pas un peu trop ?
Si vous allez dans un stade assister au record du monde, ou de France, du 100 mètres, oseriez-vous dire au champion qu’il en fait trop, parce que vous n’arrivez pas à courir à cette vitesse ? Quand on voit Edith Piaf chanter, dira-t-on qu’elle en fait trop parce que personne ne peut chanter comme elle ?
Vraiment, vous êtes trop modeste. Pourquoi vous encombrer d’un frichti politico-socio-mystique sans intérêt et ne pas assumer frontalement votre envie d’un film porno ?
Il n’y a qu’un seul baiser dans Chamanka, il dure deux secondes et quand il s’agit de scènes de sexe, pour parler platement, c’est une sorte de ballet.
Oui, toutes ces étreintes sont bidons, du chiqué.
Et voilà, ça dérange encore plus que les actes de pénétration. Entre les acteurs, il ne se passe rien de fait, c’est du cinéma. Si vous faites un film sur Toulouse-Lautrec, faut-il vraiment couper les jambes à votre star ?
Là, c’est vous qui me la coupez.
(Ndlr : Les propos de Zulawski sont authentiquement prélevés dans le dossier de presse du film, les questions sont authentiquement fantaisistes.)
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