On connaît Bartabas pour sa réelle passion des chevaux, son talent de dresseur hors pair et l’originalité de ses spectacles équestres ; on sait aussi que son cirque Zingaro, anciennes écuries transformées en salle de théâtre, est un lieu magique aux portes de Paris. (Pour en savoir plus sur l’univers de cet artiste singulier, voir […]
On connaît Bartabas pour sa réelle passion des chevaux, son talent de dresseur hors pair et l’originalité de ses spectacles équestres ; on sait aussi que son cirque Zingaro, anciennes écuries transformées en salle de théâtre, est un lieu magique aux portes de Paris. (Pour en savoir plus sur l’univers de cet artiste singulier, voir l’entretien page 26.) Son second film, Chamane, raconte l’aventure d’un violoniste et d’un chamane yakoute qui s’enfuient d’un goulag, capturent des chevaux sauvages et traversent la Sibérie à dos de monture. Avant de tomber, mortellement touché par la balle d’un garde, le chamane révèle à son compagnon qu’il sera protégé dans sa fuite par les esprits de la forêt. Chamane confirme donc ce qu’on sait déjà de Bartabas : amour des bourrins, attirance pour l’Orient et ses grands espaces, son mysticisme opposé aux valeurs frelatées de notre monde industriel. Cet univers intérieur respectable suffit-il à faire de Bartabas un cinéaste ? Pas vraiment. Sorte de western new-age oriental, Chamane souffre d’abord de la minceur de son scénario qui ressemble à un simple prétexte au vrai désir de Bartabas : filmer des chevaux et les immensités neigeuses de la taïga. Tout cela est certes très joli, les paysages ont du talent, mais le film a du mal à dépasser un effet belle image qui pourrait illustrer le slogan suivant : « Vivez la dernière aventure, montez des chevaux sauvages, habillez-vous en peau d’ours et dînez d’un barbecue de renne le soir au clair de lune. » Par ailleurs, le spectaculaire attendu d’un tel projet n’est pas vraiment au rendez-vous : à part une scène de troupeau au galop et une immense colonie de rennes, ce serait plutôt Lucky Luke et Jolly Jumper trottinant mollement dans la prairie ou Don Quichotte statufié dans les glaces. Quelque part entre Dead man et Dersou Ouzala, Chamane n’a ni l’humour et le pouvoir rêveur du premier, ni le souffle et la ferveur poétique du second. L’échec de ce joli documentaire exotique tient peut-être aussi au rapport que Bartabas entretient avec le mysticisme des Yakoutes : celui d’un étranger, certes légitimement fasciné, mais trop extérieur à son sujet.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}