Du blockbuster d’action à la comédie régressive, de la franchise bulldozer au film plus risqué, Dwayne « The Rock » Johnson est partout. A l’occasion de la sortie d’ »Agents presque secrets »et alors qu’il est l’acteur le mieux payé au monde en 2016, retour sur cinq films qui ont marqué sa carrière.
Dwayne Johnson, c’est avant tout un corps. Un corps démesuré, impossible, un roc auquel on s’agrippe, comme une matière quasi-hétérogène aux films qui l’accueillent. Aussi terrifiante que balourde, charismatique que ridicule, naturelle qu’ampoulée, cette incarnation de la force pure alliée à une désinvolture du geste et à une relative douceur de la voix s’est frayée un chemin singulier pour trouver aujourd’hui une place unique dans le paysage du blockbuster américain.
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« If you smell what The Rock is cooking…«
Dwayne Douglas Johnson est né en 1972 dans une famille de catcheurs aux origines métissées. Après une enfant ballottée entre les Etats-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande, il s’engage un temps dans une carrière de footballeur avant d’embrasser à son tour la destinée familiale, reprenant le flambeau de son père Wayne « Rocky Johnson » Bowles et de son grand-père Peter « High Chief » Maiva. Son ascension au sein de la World Wrestling Entertainment est fulgurante et lui vaut dix titres de champion du monde ainsi que de nombreuses autres récompenses. Son charisme naturel et son sens du spectacle, prémices de sa seconde vie d’acteur, font de lui un immense show-man ultra-médiatisé.
Pourtant, nul ne pouvait pressentir que le sportif allait progressivement quitter les rings de combats pour les plateaux de tournages. Le terrain est tâté progressivement à la fin des années 90 par quelques apparitions dans des épisodes de séries télévisées, puis plus sérieusement investi en 2001 grâce à un second rôle dans Le retour de la Momie. Si son spin-off Le Roi Scorpion lui offre en 2003 son premier rôle principal, la seconde moitié des années 2000, durant laquelle il alterne des premiers rôles dans de grosses productions d’action et des rôles secondaires dans des films plus risqués (Southland Tales de Richard Kelly), se révèle difficile. Il faudra attendre l’immense succès de Fast and Furious 5 en 2010 pour que The Rock trône enfin au sommet du box-office.
A 44 ans, l’acteur désormais incontournable à Hollywood enchaîne les succès et est à l’affiche de la comédie d’action Agents presque secrets. Retour en cinq films sur une ascension musclée.
Bienvenue dans la jungle, découverte d’un action hero (2003)
L’important succès financier du Roi Scorpion, malgré des critiques extrêmement mitigées, permet à Dwayne Johnson de décrocher le premier rôle de la comédie d’aventure et action de Peter Berg Bienvenue dans la jungle (The Rundown) en 2003. Il y incarne un homme de main criblé de dettes qui accepte de récupérer Travis, le fils de son patron, un étudiant en archéologie qui s’est lancé dans une chasse au trésor insensée au cœur de la jungle brésilienne. Le duo sera plongé dans une guerre entre le terrible propriétaire terrien Hacher et un groupe de rebelles cherchant à le renverser.
Tranches de baston dopées aux punchlines comiques, jungle inhospitalière et animaux sauvages, le film, qui inscrit le corps de Dwayne Johnson dans la lignée des actionners des années 80, vaut surtout pour l’investissement sans retenue de l’acteur, abattage d’un Christopher Walken en roue libre dans le rôle du méchant, ainsi que pour un improbable caméo d’Arnold Schwarzenegger, autre corps bodybuildé devant l’éternel et grand ami de The Rock.
https://youtu.be/G2PAyjTfy08
Fast and Furious 5, l’entrée dans une franchise culte (2011)
L’entrée de Dwayne Johnson dans la saga d’action aux folles séquences automobiles se fait par la porte du bad guy, dans la peau de l’impitoyable agent fédéral Luke Hobbs lancé aux trousses du gang de Dominic Torreto et Brian O’Conner avant de se rallier à leur cause. Si le visage de l’acteur semble aujourd’hui indissociable du personnage devenu membre à part entière de la troupe pour les épisodes suivants, une interview de son collègue Vin Diesel (Dominic Torreto) a récemment révélé que Tommy Lee Jones était initialement pressenti pour le rôle. Ce changement radical de profil est intervenu suite à une demande des fans de Vin Diesel, qui souhaitaient voir leur idole partager l’affiche avec The Rock, à l’époque où les deux comédiens ne s’écharpaient pas par interviews interposées.
Le film, troisième round de Justin Lin (Star Trek : Sans limite) aux commandes de la franchise, généreux et rythmé tout en restant extrêmement lisible, signe alors le meilleur box-office mondial de la saga. En fuite à Rio après la libération rocambolesque de Dominic Torreto, le gang, pour se faire blanchir, constitue une équipe d’élite pour affronter l’homme d’affaires Herman Reyes, tout en étant traqué par les forces de l’ordre menées par Luke Hobbs. Au fil des opus, on s’attachera progressivement à ce personnage de flic tantôt impressionnant et expert au combat, tantôt père attentif et protecteur.
No Pain No Gain, exaltation des vices (2013)
Inspiré par un fait divers délirant, le controversé No Pain No Gain, sorte de récréation pour Michael Bay entre deux tours de manège Transformers, décrit le plan rocambolesque fomenté par Daniel, un coach sportif crétin comme ses pieds, et deux ex-détenus bodybuildés pour goûter au rêve américain fait de dollars et de bling bling : ils décident d’enlever le riche Victor Kershaw, l’un des clients de Daniel, et de voler sa vie.
Délaissant un temps la pyrotechnie boursouflée de sa franchise phare, le réalisateur livre une variation sur la bêtise outrée de laideur morale et visuelle, mais fascinante par son jusque-boutisme et sa capacité à esquisser en creux l’envers du rêve américain, vu comme dans un miroir déformant aux relents de cauchemars. Dwayne Johnson, plus bodybuildé et imposant que jamais, incarne son personnage de gorille décérébré avec une paradoxale finesse qui provoque tant le rire que le malaise.
Hercule, un héro à la mesure démentielle de The Rock (2014)
Dans sa course vers les sommets du box-office, Dwayne Johnson a finalement rencontré le héros qui correspondait le mieux à sa démesure : le demi-dieu Hercule, fils de Zeus et d’une mortelle, colosse doté d’une force surhumaine dont les muscles et la massue pouvaient faire plier une armée entière, loué dans l’antiquité grecque et romaine pour ses hauts faits, dont les célèbres douze travaux.
Hélas, le film de Brett Ratner, sorti tout juste quelques mois après la navrante adaptation de Renny Harlin, peine à dépasser l’aspect de pâte informe et confuse d’effets spéciaux numériques. Sa narration bâclée élude volontairement les mythiques travaux pour confronter son Hercule, ersatz de super-héro, et son groupe de mercenaires aux forces obscures qui déchirent le Royaume de Thrace. Une fois encore, cet énième néo-péplum mythologique post 300 en forme de téléfilm de luxe vaut principalement pour le charisme et la profondeur parfois inattendue d’un Dwayne Johnson plus barbu et sauvage que jamais.
San Andreas, un cœur sous les muscles (2015)
Alors qu’un tremblement de terre dévastateur secoue la Californie, Ray (Dwayne Johnson), un pilote d’hélicoptère et héroïque secouriste de montagne, et son ex-femme Emma, tentent de rejoindre la nord de l’état pour retrouver et sauver leur fille unique. Alors que les scènes de destruction massive s’enchaînent et gagnent en ampleur dans un climat de fin du monde, les liens familiaux et affectifs des personnages vont être mis à dure épreuve.
Si la recette classique du destruction porn est appliquée à la lettre et sans grande surprise, le corps de The Rock surnageant à travers les éléments déchaînés semble presque pouvoir leur faire de l’ombre, et il reste intriguant de voir l’acteur se démener pour faire surgir de l’émotion au cœur de cette débauche sans âme véritable.
L’inarrêtable Dwayne Johnson vient de terminer le tournage du huitième épisode de Fast and Furious, figurera à l’affiche du remake cinéma d’Alerte à Malibu, et s’apprête à entrer dans l’univers fantastique du film culte des années Jumanji pour une suite en forme d’hommage à l’original porté par Robin Williams.
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