L’actrice, qui a quitté la salle où se déroulait la 45e cérémonie des César après l’annonce du prix du meilleur réalisateur pour Roman Polanski, a réagi sur Mediapart.
Vendredi soir, l’image a fait le tour des réseaux sociaux et des médias : à l’annonce de la victoire de Roman Polanski, qui décroche le César du meilleur réalisateur, Adèle Haenel se lève, furieuse, et décide de quitter la salle, suivie par Céline Sciamma et quelques autres personnes. « C’est la honte ! », s’écrit-elle, puis, dans les couloirs de la salle Pleyel, « bravo la pédophilie, bravo ». Le réalisteur de J’accuse est en effet accusé par plusieurs femmes de viol alors qu’elles étaient très jeunes.
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A l'annonce du César de la Meilleure Réalisation pour Roman Polanski ("J'accuse"), Adèle Haenel quitte la salle.
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— CANAL+ (@canalplus) February 28, 2020
Au lendemain de la cérémonie, l’actrice du Portrait de la jeune fille en feu est revenue dans Mediapart sur ces César 2020, très critiqués. « Ils pensent défendre la liberté d’expression, en réalité ils défendent leur monopole de la parole, commente notamment la comédienne. Ce qu’ils ont fait hier soir, c’est nous renvoyer au silence, nous imposer l’obligation de nous taire. Ils ne veulent pas entendre nos récits. Et toute parole qui n’est pas issue de leurs rangs, qui ne va pas dans leur sens, est considérée comme ne devant pas exister. »
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« Si on riait aussi des dominants ? »
Adèle Haenel réagit aussi aux critiques de puritanisme qui visent régulièrement les féministes. « Ils font de nous des réactionnaires et des puritain·es, mais ce n’est pas le souffle de liberté insufflé dans les années 1970 que nous critiquons, mais le fait que cette révolution n’a pas été totale, qu’elle a eu un aspect conservateur, que, pour partie, le pouvoir a été attribué aux mêmes personnes. Avec un nouveau système de légitimation. En fait, nous critiquons le manque de révolution. »
Très malaisante, la 45e cérémonie des César s’est déroulée dans une ambiance tendue. Quelques centaines de manifestantes s’étaient rassemblées aux alentours de la salle pour dénoncer des « César de la honte ». Certaines ont tenté d’envahir le tapis rouge. A l’intérieur de la salle Pleyel, sur la scène, les piques ont fusé sur une supposée impossibilité de rire, désormais, des femmes et des minorités. « Toute la soirée a tourné autour de l’idée que l’on ne pourrait plus rien dire, ‘comment on va rire maintenant si on ne peut plus se moquer des opprimés’, réagit Adèle Hanel. Mais si on riait aussi de nous-mêmes, si on riait aussi des dominants ? »
Pour elle, « ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde ».
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