Chaque année, les chaînes de télévision ou nos familles nous imposent de regarder des films de Noël devenus aussi insupportables qu’une projection de diapos de vacances dans les années 70. Petite recension des boulets du cinéma et quelques conseils pour changer l’ambiance.
Ceux qu’on ne veut plus voir :
Autant en emporte le vent de Victor Fleming (1939)
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Assez étrangement, certains films dits « de Noël » ne se déroulent pas du tout à Noël. Mais les programmateurs professionnels aiment, en cette période de trêve des confiseurs, nous endormir devant des superproductions hollywoodiennes de quatre heures, avec rebondissements et drames passionnels sur fond historique tragique. C’est le cas d’Autant en emporte le vent, beau chromo sur fond de guerre de Sécession et d’abolition de l’esclavage (avec des personnages noirs bien chargés en stéréotypes) où les personnages ne cessent d’être agaçants tant ils s’acharnent à ne faire que des bêtises : l’un est trop gentil, l’autre trop faible, le héros est violent et l’héroïne (Lady Scarlett) méchante. Avec, au final, l’idée qu’une terre appartient toujours à son propriétaire. Super.
Sissi, impératrice (1956) d’Ernst Marischka (et ses suites)
Dans des couleurs à la fois vives et compassées, les aventures et mésaventures amoureuses totalement récrites à la crème fouettée d’une impératrice qui a réellement existé : Elisabeth d’Autriche et de Hongrie. C’est LE film qui lança la jeune Romy Schneider et la poussa aussi à fuir au plus vite le cinéma autrichien et sa mère (qui avait fricoté avec le régime nazi). C’est le compagnon idéal pour la sieste après le banquet, mais personne n’est obligé de se bâfrer au point de se sentir obligé de régresser totalement devant un bijou de cinéma patriarcal, où les jeunes filles vivent sous le joug des mâles monarques et du protocole de la cour dans des châteaux en meringue où les violons se mettent à jouer dès qu’un personnage fait un pas.
Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré (1982)
Evidemment, c’est un film méchant, bourré de répliques cultes (“C’est bon, c’est fin, ça se mange sans faim”, “Forcément, ça dépend, ça dépasse”, etc.) et de plats balkaniques chelous (les doubitchous roulés sous les aisselles ou le klouk fumant), alors tout le monde l’aime bien, ce film de la haute époque du triomphe du théâtre du Splendid et affiliés. Mais on n’en a un peu marre de cette méchanceté systématique, de ce ricanement à l’égard des gens les plus faibles, de cette noirceur généralisée. L’époque a changé, nous avons besoin de bienveillance. On préférerait voir Joyeux Noël, les Tuche !
La Bûche de Danièle Thompson (1999)
Très bon titre, qui exprime bien la lourdeur du produit. Certes, les acteurs sont sympathiques, mais tout est un peu téléphoné, dans cette famille qui se sent obligée de fêter Noël alors que ses membres (Sabine Azéma, Charlotte Gainsbourg, Emmanuelle Béart, etc.) n’en ont pas autant envie que cela. Et puis Danièle Thompson n’est pas Lubitsch, alors tout est un peu trop consistant, insistant. Difficile à digérer. Une bûche, quoi.
Ceux qu’on veut voir et revoir :
Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin (2008)
Enfin du cinéma revigorant, bergmanien, pas politiquement correct pour un sou, puisque son personnage principal (Mathieu Amalric) et sa mère condamnée par la médecine (Catherine Deneuve), un soir de Noël, à Roubaix, vont échanger en souriant les plus belles vacheries du monde, dont la meilleure est quand même qu’ils ne se sont jamais aimés. Par ailleurs, une des belles-filles de la Queen mother (Chiara Mastroianni) va coucher avec le cousin de son mari, au vu et au su de tout le monde. Joyeux Noël ! L’un des plus jubilatoires films de Desplechin, rugueux et sans pincettes.
La Vie est belle de Frank Capra (1946)
Ah, celui-là, désolé, mais on ne s’en lasse jamais avec le temps. Capra est le cinéaste optimiste incarné, il a foi dans la justice, l’égalité, le bonheur, et l’histoire de cet homme de la rue (James Stewart) qui, un soir de Noël, est au bord du suicide mais grâce à un ange va revoir sa vie et découvrir le cauchemar que serait devenue sa petite ville s’il n’avait pas vécu est l’un des films les plus déchirants et humanistes qui soient. Ce qui est beau, chez Capra, c’est que les acteurs ont l’air de vibrer : ils transpirent.
L’étrange Noël de Monsieur Jack de Henry Selick, produit par Tim Burton (1993)
Monsieur Jack est un artiste consciencieux, imaginatif plein de bonne volonté. Mais voilà, il ne comprend rien aux rites de Noël est c’est normal puisqu’il vit au pays d’Halloween et qu’il est un squelette. Le jour où il décide de « revisiter » Noël, comme ces chefs de cuisine contemporaine veulent nous servir leur version de la dinde aux marrons complètement méconnaissable, il sème la panique et terrifie tous les enfants du monde. Réjouissant (et en plus, c’est une comédie musicale !).
Le Grinch de Ron Howard (2000)
Le Grinch (joué par Jim Carrey…) est un croque-mitaine au sourire gigantesque. Misanthrope, il vit dans la solitude. Un jour pourtant, il propose, poussé par une petite fille, aux habitants de la vallée de devenir l’organisateur des fêtes de Noël. Mais ils refusent. Pour se venger, il décide de gâcher Noël. Et ça va barder ! Mais il découvrira bien évidemment l’esprit de Noël. Un peu gnangnan mais rigolo.
Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman (1982)
Chef-d’œuvre du maître suédois du cinéma, le grand Ingmar Bergman. Contre-point absolu à toute idée de niaiserie, le film raconte la saga de deux jeunes enfants, un frère et une sœur, issus d’une famille d’acteurs bourgeoise, et commence un soir de Noël à Stockholm au début du 20e siècle. 312 minutes de pur bonheur, de magie, de romanesque, de violence et de rires.
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