Le deuxième film de Walter Salles, Ours d’or à Berlin, ne comble pas les attentes suscitées l’année précédente par son beau Terres lointaines.
Evacués la mélancolie persistante et les plans contrastés de son film précédent, Terres lointaines, place nette à l’uniformité esthétisante et à la bonhomie charitable ! Durant le premier quart d’heure, on croit Walter Salles désireux de marcher sur les brisées du Chahine de Gare centrale en assignant à ce fourmillant carrefour qu’est la gare de Rio le rôle de révélateur de la société. Mais l’illusion ne dure guère parce que Salles ne possède pas la rudesse caustique de son aîné égyptien et que, par ailleurs, deux de ses personnages ne tardent pas à prendre la tangente, et le film avec eux. A partir de là, le récit lorgne sévèrement vers Gloria : un garçonnet, dont la mère est morte accidentellement, est recueilli par une vieille femme solitaire, d’abord hostile, puis bientôt touchée au cœur par la triste histoire du bambin. Ensemble, ils partent alors à l’aventure des routes brésiliennes, à la fois pour échapper à de méchants trafiquants d’organes et pour tenter de retrouver le père de l’enfant. Central do Brasil ne soutient pas la comparaison avec la fiévreuse cavalcade de Gena Rowlands et de son protégé, en raison d’une approche du cinéma diamétralement opposée. Là où Cassavetes exacerbe et attise, favorisant conflits et turbulences, Salles tempère et aseptise, multipliant les garde-fous et noyant son histoire sous des torrents de guimauve.
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