Résidant à Bruxelles, Dominique A interviewe la belge interprète de Sœur Sourire – qui sort cette semaine – à propos du plat pays, de la religion et des rock-stars.
Dominique A – Tu interprètes Sœur Sourire, l’auteur du tube Dominique. As-tu conscience du mal que tu vas faire à tous les Dominique de la planète en réactivant cette hostie ?
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Cécile de France – “Dominique, nique, nique” (rires !). C’est une ritournelle qu’elle a écrite au couvent. Un truc de scouts qui parlait du fondateur des dominicains et qui a fait son succès. Ça a été un carton mondial, n° 1 aux Etats-Unis devant Elvis Presley et les Beatles.
La première fois que j’ai entendu cette chanson, j’avais 10-11 ans. J’ai trouvé ça plutôt flatteur d’ailleurs ! (rires). Comment es-tu arrivée sur ce projet ?
J’étais à la base du projet avec un producteur belge. Le film a mis sept ans pour se faire, on a galéré. J’aime son statut de personnage rebelle. C’était quelqu’un qui transgressait sans cesse les limites autorisées. Elle a fait une chanson sur la pilule contraceptive dans les années 60. Elle était dans une vérité sociale et tentait de donner une image plus humaine de l’Eglise. C’est intéressant quand on met ça en parallèle avec les discours rétrogrades de Benoît XVI sur le préservatif. L’Eglise d’aujourd’hui est complètement à côté de la plaque.
C’est donc vraiment son caractère qui t’a attirée. Tu n’as pas reçu d’éducation religieuse ?
Non, pas du tout. Mes parents étaient carrément antireligieux, des anars avec des grandes barbes ! Ce qui est marrant chez Sœur Sourire, c’est qu’elle est structurée comme une rock- star : elle buvait, fumait, ne se remettait jamais en question, dépensait beaucoup d’argent. C’est un destin incroyable. En plus, elle est belge !
En parlant de Belgique, le 7 juin prochain, des élections régionales vont vraiment statuer sur l’avenir de ce pays qui traverse une crise institutionnelle depuis deux ans. As-tu senti les choses empirer entre Wallons et Flamands ?
Humainement, je n’ai jamais ressenti cette crise ; mais, culturellement, c’est vrai que le fossé est énorme. J’ai grandi en Belgique, nous étions très proches de la France, nous regardions des films français. Quand on entend parler de démantèlement de la Belgique, cela me paraît démesuré. J’ai souvent la sensation que c’est très amplifié par les médias, vu de France.
Ce que j’aime, c’est que ce pays a quand même montré qu’il pouvait fonctionner sans gouvernement pendant un an. Ça fait réfléchir ! En parlant de crise, ressens-tu la crise actuelle dans ton entourage, ton travail ?
J’ai beaucoup d’intermittents dans mon entourage qui sont très touchés et doivent changer de métier. C’est la perte d’un trésor. Comme si on avait construit quelque chose d’extrêmement précieux en France qui serait en train d’être détruit par la crise, ajouté à la politique menée envers les intermittents – qui est un refus de donner une importance aux artistes. Je trouve ça dingue et super triste. Les budgets des films qui s’amoindrissent aussi. Nous les acteurs commençons aussi à être moins payés. Pour Sœur Sourire, je toucherai de l’argent sur les entrées si le film marche.
Tu vois beaucoup de films ? Quel est ton rapport au cinéma ?
Depuis que j’ai un fils, je vais moins au ciné. Je regarde énormément de Dvd. Récemment j’ai revu des Wim Wenders.
Et la musique ?
Je ne vais pas sur internet, je ne sais même pas comment ça marche. Le dernier truc qui m’a vraiment plu, c’est Antony & The Johnsons. J’y peux rien, ça me fait chialer.
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