Cate Blanchett navigue avec grâce et subtilité entre blockbusters et films d’auteurs. Retour sur la carrière de l’actrice australienne, nimbée d’une aura digne des grandes stars de l’âge d’or hollywoodien.
Cate Blanchett est l’une des meilleures actrices de sa génération et tout le monde le sait, y compris l’académie des Oscars, puisqu’elle lui a déjà remis deux statuettes, l’une pour un second rôle, celui de la grande Katharine Hepburn dans Aviator de Scorsese, l’autre pour un premier rôle, celui qu’elle jouait si finement dans Blue Jasmine de Woody Allen.
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En 2007, elle remportait également la coupe Volpi de la meilleure actrice pour son rôle dans I’m not There de Todd Haynes. L’actrice australienne a jusqu’à ce jour joué dans des productions de natures différentes (cinéma grand public des majors ou cinéma indépendant) et surtout de financements très variés.
Entre La trilogie du Seigneur des anneaux (et la suite, avec la saga du Hobbit) de Peter Jackson ou les deux films historiques horribles de Shekhar sur Elizabeth Ire d’un côté, et Jarmusch ou même Woody Allen de l’autre, on peut sans doute placer ses collaborations avec David Fincher, Alejandro Gonzalez Inarritu (Babel) ou Martin Scorsese, des “auteurs hollywoodiens”. L’actrice anglo-saxonne parcourt tout le spectre du cinéma américain contemporain. Mais qui est cette actrice capables de toutes les métamorphoses ?
Coffee and Cigarettes de Jim Jarsmusch
Dans un des courts de ce film à sketches en noir et blanc, Cate Blanchett joue deux rôles, ceux de deux cousines. Elle est méconnaissable d’un personnage à l’autre. C’est assez fascinant, impressionnant, et démontre sa capacité à changer de peau avec une aisance presque incroyable.
La Vie aquatique de Wes Anderson
Dans le petit monde de Wes Anderson (aidé au scénario par Noah Baumbach), Blanchett joue le rôle d’une journaliste enceinte mais décidée, venue travailler sur le navire d’exploration , le Belafonte, le célèbre bateau de Steve Zissou (Bill Murray), double fantasmé du commandant Cousteau. Un personnage de femme énergique, aventurière, avec son burberry, sa natte ou sa veste de safari.
Aviator de Martin Scorsese
Katharine Hepburn, c’est elle. Avec panache, sans barguigner, Cate Blanchett joue une star du passé comme de rien n’était. On note que, un peu comme Tilda Swinton (avec qui certains la confondent souvent…), mais sur un mode moins androgyne, artiste et fragile, la part masculine de Cate Blanchett semble souvent intéresser les cinéastes, qui lui donnent volontiers des rôles de femmes solides, fortes, voire un peu viriles. On sent chez elle un vrai plaisir de travestissement.
I’m not There de Todd Haynes
Dans ce film étrange, mais pas toujours convaincant, un portrait éclaté, cubiste des différentes facettes de Bob Dylan, elle incarne la part féminine du chanteur-poète américain. Comme si au fond, contrairement à ce que nous expliquions ci-dessus, son génie d’actrice permettait de distinguer très clairement sa part féminine et sa part masculine, au point de pouvoir supprimer l’une des deux le temps d’un film.
L’Etrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher, avec Brad Pitt
Inspiré d’une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, l’un des films les plus bizarres du cinéma contemporain américain. Un homme (Brad Pitt) et une femme (Blanchett) tombent amoureux l’un de l’autre, mais hélas l’homme est né vieux et il va mourir nourrisson, à rebours de tous les humains et surtout de celle qui l’aime et qu’il aime. C’était, jusqu’à Carol aujourd’hui, son rôle le plus sensuel, le plus sentimental, le plus romantique.
Blue Jasmine de Woody Allen
L’un des sommets de sa carrière et l’un des meilleurs films de Woody Allen, toutes époques confondues. Inspirée d’Un tramway nommé désir de Tennessee Williams, l’intrigue met en scène une femme riche, manifestement déséquilibrée, qui vient se réfugier chez sa sœur prolétaire. Le choc des classes sociales et l’angoisse de Jasmine produisent du comique, jusqu’à ce qu’on comprenne qu’elle vient de vivre un drame. C’est l’un des films les plus cruels de Woody Allen, notamment à cause de sa fin. Cate Blanchett démontre si l’on en doutait, qu’elle est aussi à l’aise dans le comique que dans le tragique. C’est ce rôle qui lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice dans un premier rôle, et c’est pour une fois incontestable : Blanchett est une actrice géniale.
Carol de Todd Haynes
Le film de la semaine. Tirée d’un roman de Patricia Highsmith, Blanchett, en costume années 50 comme Julianne Moore dans Loin du paradis, interprète une femme lesbienne qui tombe amoureuse d’une jeune femme. On se demande encore comment le jury cannois de cette année a pu donner le prix d’interprétation à sa partenaire Rooney Mara (et encore plus à Emmanuelle Bercot) et oublier Blanchett…
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