Sur Arte, direction l’Amérique des 50’s pour un documentaire signé du réalisateur d’“Adolescentes” et né d’une vaste collection de photographies.
Casa Susanna part de la découverte, en 2004 au marché aux puces de New York, d’une boîte à chaussures qui contenait 340 photographies d’hommes travestis ou de femmes trans, révélant ainsi l’existence d’une communauté qui a vécu, au cours des années 1950-1960, dans une maison perdue de la campagne américaine.
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À partir de ce matériel, Sébastien Lifshitz a tenté de retrouver les survivant·es de ce groupe et leurs descendant·es pour effectuer en leur compagnie un voyage de retour au refuge clandestin que représentait la Casa Susanna.
Une puissance émotionnelle folle
S’inscrivant dans le travail que mène depuis plus de dix ans le cinéaste pour sortir de l’oubli les histoires des personnes LGBTQI+, ce film est d’une puissance émotionnelle folle, non seulement par ce retour sur les lieux plus d’un demi-siècle après, mais aussi par la façon dont Casa Susanna tisse en creux la terrible toile de souffrance que les normes de genre et de sexualité produisent sur chacun·e.
Fin et doux, le regard que pose Lifshitz sur ce passé ne fait, par exemple, pas l’économie de la façon dont cette communauté reproduisait en son sein certaines normes patriarcales, notamment dans l’interdiction de l’homosexualité ou dans une forme de sexisme envers les épouses et de classisme avec cette performance fascinée de la grande bourgeoisie américaine.
De cet imaginaire fifties découle aussi l’esthétique très mélo du film, qui évoque par moments les beautés surannées et les tourmentes refoulées d’un classique de Minelli.
Casa Susanna de Sébastien Lifshitz (Fr., É.-U., 2022, 1 h 37). Sur arte.tv à partir du 6 juin et sur Arte le 14 juin.
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