La Vie d’Adèle transposé dans la communauté gitane ? Plutôt un très beau film sur l’amour contrarié de deux jeunes filles, d’une grande précision anthropologique.
C’est l’histoire d’un amour à priori impossible entre deux jeunes femmes de la communauté gitane espagnole. Comme dans toute communauté qui vit sur des vieux principes religieux et patriarcaux, les choses vont d’abord mal se passer. Mais nos deux héroïnes ont leur jeunesse et surtout la farouche volonté d’échapper à la famille pour vivre ensemble. Un film de plus sur l’homosexualité et sur l’homophobie ? Non, car il y a quelque chose de fort dans Carmen et Lola, qui tient à la joie, à l’amour qui semble pouvoir tout emporter sur son passage.
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La partie anthropologique de ce film, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, est magnifique, précise. Arantxa Echevarría y décrit avec un grand respect, les lois de la communauté gitane, notamment les rites de passage, ici ceux des fiançailles. Dans une mise en scène évidente, le père de la jeune fille accueille le père du prétendant. Ils sont entourés des notables de la communauté qui font office de témoins. Le père du fiancé explique qu’il est temps d’agir, car on voit souvent leurs enfants ensemble, et on ne peut indéfiniment laisser les rumeurs circuler. Il fait alors l’éloge de son fils (il ne boit pas, ne fume pas, respecte Dieu, etc.) et demande pour lui la main de la fille. Le père de la future fiancée fait son éloge (elle est religieuse, ne sort pas, etc.) puis explique qu’il doit quand même lui demander quels sont ses sentiments à l’égard du jeune homme.
On la fait venir et, avec modestie et timidité, elle accepte. Alors la fête de fiançailles peut commencer et les guitares gitanes se déchaînent. Pourquoi raconter cette scène dans le détail ? Parce qu’elle fait partie des plus beaux moments du film : nous sommes à la fois ici et maintenant, et dans la nuit des temps, ailleurs.
Carmen et Lola d’Arantxa Echevarría (Esp., 2018, 1 h 43)
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