Journal déprimé d’un de nos envoyés spéciaux au festival de Cannes. Dixième jour.
J y ai pas résisté au traitement de choc. Dormi un bon petit ?4 à 11?, me réveille avec mal partout, complètement dans les vapes, bien flapi le Bonnaud. Pour la première fois depuis le dernier dimanche de l’année dernière, je profite de la terrasse de l’Adosom, petit-déj au soleil avec Claire et Sophie A., on s’échange les dernières nouvelles, et Sophie me semble s’être un peu arrondie, genre enceinte, mais je ne risque aucune réflexion, trop peur du Dis carrément que je suis grosse ? qui m attend si je me plante. Moi, je peux voir une fille pleine comme un ballon que je dis rien quand même, j’attends qu’on me le confirme. La critique, c’est bien connu, est un métier d’observation’ Prudence, pas d’impair, d’ici à ce que ça déclenche une popopolémique, que Tatave et Patoche s’en mêlent
Comme j’ai loupé le Gitaï hier, je vais quémander une invit au service de presse. Et me retrouve au balcon de Lumière, très loin de l’action. Bon film. Que Kagan a déjà vu, aimé et écrit sur. Mais je devais le voir parce que je suis remplaçant de luxe de mon Kagan au Masque et la Plume de dimanche pour commenter le palmarès en direct, le pire est à redouter, et je dois donc voir tous les films de la Compét , histoire de ne pas avoir l’air trop gland si un outsider décroche la timbale Je pars au bout d’une heure pour enchaîner avec le bon film iranien d’Un Certain Regard, puis deux-trois merdes, puis le Le Péron de La Quinzaine, que je dois encore quitter au bout d’une heure, because obligé d’être au Desplechin à 19 h. Superbe film, son meilleur, ou grand film malade ? Je sais pas, je sais plus, j’ai dû lutter contre le sommeil pendant 30 minutes au milieu, victorieusement, mais le film en a profité pour se faire la malle
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En revanche, je suis sûr que mon grand et cher ami Laszlo Szabo est génial, j’en ai la gorge nouée, putain quel acteur, je suis fier de le connaître, celui-là.
A la sortie, j’essaie d’entreprendre Jacques M. pour savoir où il en est avec la coréenne de l’autre soir, en bon camarade que je suis, mais le Politburo de La Pravda est réuni sur le trottoir et Jacques est pas trop disponible pour parler de choses vraiment importantes, d’autant que ça a l’air moyennement rigolo les colloques informels du Monde à la sortie des projos, ça phosphore sec.
Un vent à tout faire péter, on se traîne jusqu’au dîner Aoyama, rien d’exceptionnel sinon Kagan qui se fait brancher par une japonaise francophone qui se révèle groupie au dernier degré et lui demande de bien vouloir lui dire sous quel blase il fait des films. Pardon ? Plaît-il ? Mais jamais de la vie ! Elle n’en démord pas, lui affirme qu’il fait des films sous pseudo et qu’un de ces chefs d’ uvre est même passé sur TF1. Première nouvelle. Il se dandine, l’air très emmerdé, presque autant que quand j’ai failli lui présenter François Ozon hier soir (bah, il lui a pété que deux films, la routine), et déclare que non, vraiment, impossible, erreur sur la personne, qu’elle confond avec Jerry Tousse peut-être. Non, impossible, je connais très bien Thierry, hi, hi, hi, vous pas être lui, hi, hi, voilà autre chose. La situation est inextricable et ténébreuse Je les laisse et vais rejoindre Claire et Sophie. Elle a vraiment l’air enceinte ou c’est la position sur la chaise ou bien quoi ? Pas un mot là-dessus.
Je rentre, je travaille comme une bête jusqu’à 6 h.
Pour lire le onzième jour du journal de Frédéric Bonnaud à Cannes
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