Voilà, c’est fini. Douzième et dernier jour du journal déprimé d’un de nos envoyés spéciaux au festival de Cannes. Finalement pas si déprimé.
Je dors enfin et tout le monde cherche à me réveiller, les femmes de ménage, les patrons de l’hôtel, et Marco Müller qui me rappelle notre déjeuner de tout à l’heure. S’il continue ses coups de fil intempestifs, c’est sûr que j’y serai jamais’ Je me rendors à chaque fois, c’est si bon de dormir Il fait un temps sublime, le jardin de l’Adosom est plus magique que jamais et la rue d’Antibes est déserte, écrasée de soleil et enfin lavée de toute sa racaille festivalière Cannes redevient la jolie ville un peu languide qu’elle cesse d’être pendant le Festival’ J’arrive au déj un peu en retard, un ami iranien est pendu au portable en train de régler l’arrivée de Samira au Palais puis sur scène. La jolie fille au fichu noir a un prix, c’est sûr, encore faudrait-il qu’elle n’embrasse pas dix acteurs américains en allant le chercher. Le retour de Kiarostami en Iran avait été houleux après sa Palme et le bisou de Deneuve. Là, c’est une femme et mieux vaut éviter les impairs. Conversation agréable avec Jean-Mimi et sa copine Agnès. Il m apprend qu’il s’est fait faucher son ordi portable dans sa chambre du New Rose Sofitel, j’en serais malade, lui a l’air de prendre les choses avec son flegme habituel, c’est pas à l’Adosom qu’on verrait des trucs pareils’ Je rentre par la rue d’Antibes, pour changer, et tombe sur ma copine Régine Vial, des Films du Losange qui distribuent Dancer in the dark, et qui s’inquiète pour son protégé Lars et pour Björk. Grâce à un coup de fil de Fevret, j’en sais plus qu’elle et la rassure en essayant de rien lui dire, par crainte d’une déception de dernière minute Je glande gentiment à l’hôtel avec mes amis, essaie de régler l’embrouille de la couv avec Fevret (maintenant c’est les distributeurs qui sont pas contents qu’on aime leurs films, un nouveau genre), et passe les derniers papiers qui sont pas passés. Mulet tient des propos désenchantés sur l’amour, ça serre la gorge
Je commande un tax pour aller une dernière fois au Palais pour causer dans le poste, gros bordel sur la Croisette, le mec me largue avant le Majestic, je fonce, retrouve la foutue entrée des artistes et le studio de Radio France. Martine de R. et Danièle H. regardent l’arrivée des stars (ah ah) à la télé. Nous sommes en direct pendant 90 minutes et je m étonne de ne pas être plus nerveux. On a les images de la remise des médailles mais pas le son, puisque le son c’est nous, et j’ai beaucoup de mal à regarder Michel C. plutôt que l’écran. Tout se passe gentiment, ces gens sont tellement habitués à s’engueuler (faire semblant de) entre eux que je me sens un peu de trop, je ne m’excite vraiment que pour défendre le Lars contre Mike et Murat, et le Assayas contre tout le monde sauf Danièle. Je n’aime pas beaucoup le film mais les propos de Murat, Riou et Ciment puent par trop le ressentiment Le Palmarès est correct, pas indigne, pas génial, moyen, ça peut aller, ça va.
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Je salue mes interlocuteurs d’un soir (je n’étais que le Anelka de Kagan, le titulaire indiscutable) et fonce à notre dîner de clôture à nous au New Rose Sofitel. Je tombe sur Dopa et Agnès W. devant le Palais qui se joignent au mouvement. J’arrive en haut, demande la table réservée par JFR et un maître d’hôtel visiblement contrarié me répond que M. JFR vient d’annuler. De quoi ? Je me précipite dans sa piaule où ils m’expliquent tous que Jacques M. ne veut pas aller en haut, qu’il préfère aller manger une pizza graisseuse et une bière tiède dans un gourbi. C’est le moment de faire preuve d’autorité pour sauver les meubles et que cette dernière soirée ne tourne pas à la déroute. Je trépigne donc, envoie Jacques tout seul vers son cruel destin, et on monte tous en haut. Richard P., que j’avais prévenu, nous rejoint, excellente soirée, Dopa très très en forme (disant n’importe quoi, donc), Mulet d’un bon niveau, tout le monde très content, addition monstrueuse (pas moi qui paie, évidemment), on reprend des alcools. Mulet a dealé son expo à la Cinémathèque et Dominique, grisé par ses récents exploits sur la Cinquième, parle de prendre le 20H. Ouais, et moi je prends Cannes, faut que j’en parle à Gillou, je mettrai Kagan au Protocole, Mulet au sponsoring (Ricard présente ), JFR à la Sécurité, Jacques aux festivités officielles et Azou déguisé en Michael Penfors à la sélection (54ème Festival International du Film pour Adolescents Turgescents), et Deneuve à l’Adosom, et Mike au camping, ça va faire mal’ Grand moment quand le dit Mike Concrete apparaît en smoking et nous trouve tous attablés, mais il s’enfuit vite devant cette vision de cauchemar
Après, on digère sur la Croisette, toutes les fêtes sont terminées, nous aussi, on tombe sur Saada qui nous fait quelques imitations, un dernier verre au Petit Majestic, une dernière clope sur la terrasse de l’Adosom, Kagan manque déjà. Olive s’est procuré le DVD du Godard chez Canal (édition numérotée et il a le 1er sur 500, la classe) et comme je me suis aperçu hier que nos ordis avaient un lecteur DVD, on se le regarde dans ma chambre, Azou, Olive et moi, dans un silence de messe. C’est très émouvant. J’avais trouvé ça pas terrible au début du Festival, il doit y avoir trois mois de cela, je trouve ça magnifique. Je n’ai rien vu à Cannes’ Ah, vivement l’année prochaine, j’étais tellement bien ici
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