Un joli film de réconciliation, notamment grâce à ses jeunes personnages.
Deux ans après La Fracture, Catherine Corsini fait son retour à Cannes et pas sous les meilleurs auspices. La rumeur qui accompagnait son nouveau long-métrage (l’enquête de Libération d’avril faisant état d’incidents pendant le tournage) aura su empreindre, avant son visionnage, l’image du film. Attendu comme une chronique intime familiale et grave, Le Retour se sera ainsi changé, en quelques jours, en un sulfureux objet, source de tous les fantasmes. Quelque chose même d’un vent de scandale kechichien aura soufflé sur ses braises, promettant de nous faire assister à d’intenses et dangereuses expériences formatrices.
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Pourtant, ni la tonalité sérieuse et cathartique que représente l’énigme d’un secret autour d’un père disparu (prétexte du film plus effleuré que central) ni la promesse hérétique ne dominent ici. Y règne à l’inverse un sentiment d’apaisement, de douceur où gravitent des réflexions pas si étrangères à ce qui lui est reproché.
Une certaine légèreté bienvenue
Organisé autour d’un trio formé par Aïssatou Diallo Sagna (émouvante révélation de La Fracture) et ses merveilleuses filles de fiction, Esther Gohourou et Suzy Bemba, ying et yang de sœurs, Le Retour trouve sa vibration la plus inspirante et inspirée au contact d’une tonalité teenage bienvenue et de ses jeunes personnages, de leur revendication, de leur façon d’être, de bouger dans le plan et d’affirmer leurs propres désirs contre l’ancienne génération (la mère, mais aussi une élite bourgeoise que son autrice se plaît à égratigner avec un certain sens de l’autodérision). C’est aussi à leurs contacts que Le Retour parvient à contourner avec grâce et légèreté quelques rets dans lesquels on craignait le voir s’enfoncer (un affront raciste changé en une mignonne love story).
Film de réconciliation, Le Retour l’est comme l’était La Fracture, préservant l’amertume cruelle et salvatrice d’un dénouement qui admet son impuissance face au conflit et au mépris de classe.
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