Ce nouveau long-métrage décortique de façon prosaïque et sèche les ressorts du procès de Pierre Goldman, activiste d’extrême gauche, accusé d’avoir tué lors d’un vol à main armée deux pharmaciennes, en 1969.
Après Saint-Omer d’Alice Diop et avant Anatomie d’une chute de Justine Triet, Cédric Kahn se saisit à son tour du film de procès, décidément nouvel outil de prédilection d’un certain cinéma d’auteur français, prompt à décortiquer l’époque. L’auteur de Roberto Succo, qui s’était justement brillamment exposé dans le registre du polar rachitique, s’empare de l’affaire Pierre Goldman, activiste d’extrême gauche, juif polonais, figure intellectuelle soutenue par Simone Signoret et Régis Debray et bandit accusé d’avoir tué lors d’un vol à main armée deux pharmaciennes, le 19 décembre 1969 à Paris. Lors de son procès, l’homme reconnaît les faits de recels et de vols qui lui sont reprochés mais dément toute implication dans la mort de ces personnes.
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Décor rigide et lumière métallique
C’est dans une veine anti-spectaculaire et prosaïque appliquée jadis au portrait du tueur italien que Cédric Kahn achemine son nouveau long-métrage. Sec et atone, le film fait l’effet d’un bloc de granit, délesté de toute intention de suspense. Son auteur sait indéniablement jouer de la rigidité de son décor boisé et de sa lumière métallique pour cisailler ses plans comme un légiste découperait un corps humain mais son dessin lui se trouve ailleurs que dans l’exploration profonde et nébuleuse de l’âme humaine et autres hors-champs inconscients attribués au genre. Amenés comme les indices d’un secret à démasquer, deux plans, l’un sur le père, l’autre sur la fiancée de l’accusée, alors spectateurs·trices du jugement en cours, de dos, privé.es de ce qui se joue sous leurs yeux, disent le projet du film.
Film de procès mais aussi film sportif avec salle d’audience reconfigurée en terrain de tennis et balles changées en sentences bruyantes déclamées par des hommes jouant à la virilité, Le Procès Goldman fait du point de vue et de la toute-puissance de celles et ceux qui en disposent (le pouvoir de montrer mais surtout de cacher) le centre névralgique et formel de ses réflexions.
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