Dupieux s’essaie à la “Quatrième dimension” avec un film à sketches SF incrusté dans un pastiche de “Bioman”, sans but identifiable, mais on apprécie le voyage.
Fumer fait tousser est le deuxième film en Sélection officielle à investir une certaine idée à la fois artisanale, populaire, vintage et cheap du cinéma ou, en l’occurrence, de la télévision : après les zombies de série Z de Coupez ! de Michel Hazanavicius. Si Quentin Dupieux ne filme pas directement un tournage dans Fumer fait tousser, il garnit son film de références aux séries super sentai du Club Dorothée (Bioman, Power Rangers…), leurs costumes en latex ridicules, leurs effets spéciaux ouvertement bricolés et l’aridité quasi straubienne de leurs décors. Manière peut-être pour les films de se bercer au doux souvenir d’une sorte de paradis perdu de l’artisanat.
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Manière surtout pour Dupieux d’offrir un terrain de jeu plus cadré à sa bizarrerie tous azimuts. Faute de lui trouver une justification propre pour qu’elle se tienne toute seule, c’est par la double béquille du pastiche et de la machine à histoires que le réalisateur soutient le film, mettant en scène une bande de justicier·ères, la Tabac Force (Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Oulaya Amamra) envoyé·es par leur chef (un rat immonde et très drôle à la Meet The Feebles, doublé par Alain Chabat) passer un stage de cohésion de groupe qu’ils et elles consacreront surtout à se raconter des histoires qui font peur, des récits qui prendront quasiment le dessus du film.
Comme d’habitude avec Dupieux, on ne sait pas très bien à quoi tout cela rime, sans doute à rien, mais cette fois la soudaine profusion narrative l’entraîne dans un mouvement de récits effrénés qui tranche avec son rythme habituel de stase weird. Sa drôlerie et sa morbidité gagnent à se libérer de la glu d’une intrigue unique, et en ne cessant ainsi de se reconfigurer en permanence, elles laissent libre cours à ce qui au fond excite le plus le cinéma de Dupieux, c’est-à-dire produire à la chaîne (bientôt deux films par an) des visions de cauchemars, de rires et de terreurs, sans trop s’embarrasser de leur articulation.
Fumer fait tousser de Quentin Dupieux avec Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier…
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