Pour son grand retour sur la Croisette, le réalisateur de “Mademoiselle” ne parvient malheureusement pas à nous embarquer dans son polar romantique. À vouloir se montrer tendre, “Decision to leave” est inconsistant.
Après la déception du Ali Abbasi en compétition, la bonne surprise du Dominik Moll et la réjouissante découverte du polar australien The Stranger dans les sections parallèles, on attendait le film de Park Chan-wook comme le thriller de prestige qui électriserait la Croisette. Si sur le papier les ingrédients sont bien réunis, Decision to Leave ne cesse de les désamorcer par une mise en scène amorphe et en donnant à son intrigue des airs qui la rapproche plus de la truculence d’une Agatha Christie que de la noirceur psychologique d’un Thomas Harris.
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Ressuscitant le personnage de veuve noire doublé d’une vamp, le film suit la relation d’attraction qui s’instaure entre un enquêteur de la police coréenne et une femme, immigrée chinoise, suspectée du meurtre de son époux. On est pourtant très loin de l’intensité vénéneuse d’un Basic Instinct. Pendant ses 2 h 20, Decision to Leave traîne une apathie que ses multiples rebondissements abracadabrantesques ne parviennent à relever. Le jeu de poker menteur entre le flic transi d’affection et la mante religieuse qui le manipule est même au final assez fade.
Si ce polar romantique est d’une douceur et d’une pudeur qu’on ne connaissait pas au cinéma de Park Chan-wook, le film est toujours empreint de ce ton grand-guignolesque qui le caractérise et qui tourne ici à vide. C’est un peu comme si, désossé de ses principaux ingrédients (l’ultra-violence, le gore et l’obstination pour la cruauté et la vengeance) et confondant dans ce nouveau film le mou et le tendre, le cinéma de Park Chan-wook avait perdu toute tenue.
Decision to Leave de Park Chan-wook, avec Tang Wei et Park Hae-il, présenté en Sélection officielle. En salle le 29 juin 2022.
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