Sélectionné à la Semaine de la critique, le premier film de Simon Rieth fustige la rivalité masculine sous un soleil éclatant.
Jusqu’ici, Nos cérémonies est ce qu’on a vu de plus abouti en matière de premiers films de jeunes cinéastes français·es qui mêlent les états d’âme d’une jeunesse éperdue à une réflexion sur l’artificialité de la violence. Ce que partagent aussi ces films à l’esthétique branchée, c’est le fantasme d’une masculinité à la fois sur-virile et en porcelaine, mais aussi celui d’une France pavillonnaire et inquiétante. Si Nos cérémonies est une version canonique et très réussie de ce type de cinéma, c’est qu’il a fait de ces caractéristiques le cœur même de son projet.
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Tony et Noé, deux frères d’une dizaine d’années, proches mais en compétition constante, risquent leur vie lors d’un jeu où se mesure leur courage. Son issue fatale aboutit à un miracle et à une malédiction. Passée cette ouverture, le film fait un bond dans le temps et on retrouve les frangins (à la vie autant qu’à l’écran) à l’aube de l’âge adulte, alors qu’ils renouent avec Cassandre, leur amour d’enfance.
Outre l’érotisme estival qui transpire du film et des corps de ses deux comédiens débutants, il s’en dégage un imaginaire trouble et habité, qui explore la lisière entre pulsion de mort et amour fraternel. La jeunesse qu’il met en scène est hantée. Elle vit dans un pays irréel où, comme un phénix et à l’instar des personnages d’un jeu vidéo, il est possible de renaître après s’être consumé. Malgré des couleurs saturées et ses deux héros à la beauté diaphane, Nos cérémonies est le film-rituel d’une très grande noirceur, il raconte les tiraillements d’une jeunesse prise entre Eros et Thanatos.
Nos cérémonies de Simon Rieth, avec Simon Baur, Raymond Baur, Maïra Villena. En salles le 24 août 2022.
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