Un film d’une originalité folle orchestré par le cinéaste et acteur Jim Cummings.
Thunder Road s’ouvre sur un hallucinant plan-séquence de dix minutes, très lent travelling avant qui cadre, de plus en plus serré, un flic en uniforme prononçant, dans une église, l’éloge funèbre de sa mère. Il est interprété par Jim Cummings, qui est aussi crédité comme réalisateur, producteur, scénariste et compositeur : un véritable homme-orchestre qui peut rappeler, à certains égards, le tragi-comique (et solitaire) Vincent Gallo.
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Ce plan était à l’origine un court-métrage, lauréat du grand prix au festival Sundance en 2016, et il fut refait à l’occasion de cette adaptation en long-métrage. Cummings y est, comme d’ailleurs dans la quasi-totalité des plans suivants, sur le fil, passant d’une émotion à l’autre en un claquement de doigt, semblant s’effondrer sur lui-même de gêne et rebondissant l’instant d’après.
Une performance burlesque phénoménale
On ne sait avec certitude s’il joue faux ou non, mais c’est précisément cette indécidabilité qui fascine : le deuil, le rude divorce et la crise existentielle que traverse le personnage le ravagent de l’intérieur, et font de lui cet histrion imprévisible. Sa performance, qu’on peut qualifier sans peine de burlesque, est phénoménale ; et son jeu bizarre vaut mille fois plus que la sacro-sainte justesse psychologique des acteurs professionnels. Il faut le voir hurler, pleurer, rire, danser — et mettre en scène avec une précision redoutable — pour comprendre qu’on tient là une des personnalités les plus originales récemment apparues dans le cinéma indépendant américain.
Thunder Road, de Jim Cummings, avec Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson… (US, 2018, 1h31)
Sélection : ACID
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