Présenté à la Semaine de la Critique, le premier long-métrage de Camille Vidal-Naquet raconte l’errance d’un jeune homme qui vend son corps et cherche l’amour.
En 1991 sortait My Own Private Idaho de Gus Van Sant. Dans le film, River Phoenix se livrait aux quatre vents de l’amour, de la prostitution, de la drogue et de la marginalité, bien aidé par sa narcolepsie impromptue. 27 ans plus tard, Camille Vidal-Naquet reprend les traits de ce personnage iconique – délesté de sa maladie du sommeil – pour l’inscrire dans les squats et les bois strasbourgeois. Léo a 22 ans. Il vend sa beauté d’ange déchu au plus offrant. Les hommes s’enchainent mais l’errance affective du jeune homme demeure, d’autant que le seul a qui il a décidé de s’accrocher le repousse. Contrairement à ses collègues prostitués, il accepte d’embrasser ses clients. Son « Oui, j’embrasse. » y répond au « I love you and you don’t pay me. » du personnage interprété par River Phoenix. Comme lui, il est plus en quête d’amour que d’argent ou de plaisir.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le sauvage du titre renvoie donc à une spontanéité émotionnelle désarmante, plus qu’a un manque d’hospitalité. Hospitalier, le film l’est, malgré la trajectoire sombre de son personnage. Porté par l’excellent Félix Maritaud – acteur découvert dans 120 Battements par minute -, ce premier long-métrage brille au contraire par son extrême douceur, et ce jusqu’en dans ses scènes de porno soft. Appliquant la maxime « live fast, love hard and die young », il est le portrait d’un jeune homme qui a décidé de se shooter à la vie et à l’amour, en abandonnant tout cran de sureté. Loin d’être frénétique, le film est habité par une vraie sérénité, qui double et transcende la détresse réelle de son personnage. Cette belle perdition s’accompagne d’une frappante capacité à représenter la pluralité du désir et ses contrariétés. Entre réalisme et poésie romantique, Sauvage se tient en permanence au bord du gouffre, entre désespoir et béatitude.
Sauvage de Camille Vidal-Naquet (Fra., 2018, 1h37) avec Félix Maritaud, Eric Bernard, Nicolas Dibla et Philipe Ohrel.
Sélection : Semaine de la Critique.
{"type":"Banniere-Basse"}