Objet d’une censure au Kenya, la bonne surprise de ce début de festival narre une romance homosexuelle contrariée.
Kena vit avec sa mère et aspire à être médecin ; Ziki, plus hédoniste, rêve de danse et de voyages. Habitantes du même quartier, dans la ville de Nairobi, au Kenya, les regards des deux lycéennes se croisent et s’embrasent, leur histoire d’amour sera faite de désir et de rendez-vous secrets dans un ancien van customisé, d’étincelles et de raclées. Aimer une personne du même sexe dans une société encore bien ancrée dans ses valeurs conservatrices n’est pas un long fleuve tranquille, ainsi que nous le rapporte Rafiki avec toute l’urgence d’un premier film. On aime sa fougue, sa fièvre pop qui rappelle les couleurs flashy et acidulées des débuts de Sofia Coppola ou Xavier Dolan – la gravité en plus.
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Un constat alarmant
Sans renoncer à sa fraîcheur initiale, le premier long de Wanuri Kahiu dresse le portrait d’une ancienne colonie britannique (tout le monde y parle anglais) où le pouvoir politique s’exerce main dans la main avec les autorités religieuses (scènes très fortes de meeting sous la houlette d’un prédicateur) et la vindicte populaire. Malgré sa bonne humeur, son ode à la sensualité (les scènes de sexe déplient de très délicates chorégraphies des corps) et un happy-end un peu en trompe l’œil, ce film kenyan – le premier sélectionné à Cannes en 70 ans – livre un constat navrant sur les persécutions dont sont victimes les communautés LGBT et homosexuelles. Sans surprise, Rafiki fait ainsi l’objet d’une censure féroce dans son pays. En découvrant le film de cette réalisatrice courageuse, on partage sa consternation et quelques moments de grâce.
Rafiki de Wanuri Kahiu, avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva (Ken., 2018, 1h23)
Sélection : Un certain Regard
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