Prenant trop sa roublardise pour de l’intelligence, la comédie de banlieue d’Antoine Desrosières se disperse d’un registre à l’autre sans pour autant trouver son point d’équilibre.
Ceux qui avaient vu son Haramiste, court-métrage discrètement sorti en salles en 2015, retrouveront ici ses actrices, son sujet (la sexualité qui, dans la France banlieusarde, se faufile pour finalement totalement se débrider par-delà les interdits religieux et sociaux), et tout son mélange d’indécence et de puritanisme : deux sœurs autant obsédées par le tabou – le haram – que par leur découverte parallèle du cul, qui essayent en douce, et surtout qui en parlent des heures durant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les deux sœurs sont aujourd’hui plus âgées et moins prudes ; elles rencontrent un bellâtre et une espèce d’Esteban, vaguement attachants mais totalement obsédés par la fellation, qui échafaudent de bien vilaines manipulations à base de mensonges éhontés et de revenge porn afin d’obtenir des services oraux.
Le film se disperse d’un registre à l’autre
De là, le film lance un cocktail de comédie de banlieue, d’étude morale et d’agression sexuelle en parking de nuit dont on n’est pas sûrs d’identifier le point d’équilibre, en se demandant d’ailleurs si Antoine Desrosières est bien plus avancé que nous : prenant trop sa roublardise pour de l’intelligence, le film se disperse d’un registre à l’autre afin de brouiller les pistes, prend la tangente comique dès qu’il s’apprête à dire une énormité, et plaisante sur le consentement avec une gaucherie moyennement responsable. Et bizarrement, évacue totalement la notion de désir : rien ne nous aura plus fait débander que ces quatre-vingt-dix minutes de tractations sexuelles.
À genoux les gars, d’Antoine Desrosières avec Souad Arsane, Inas Chanti (Fr., 2018, 1h38)
Sélection : Un Certain Regard
{"type":"Banniere-Basse"}