Quatre moyens métrages imaginant la Thaïlande dans dix ans, par quatre jeunes cinéastes thaïs dont Apichatpong Weerasethakul. L’expression d’une cinématographie diverse, créative et politique.
Quatre jeunes cinéastes thaïs (parmi eux, Weerasethakul fait déjà figure de grand aîné) ont imaginé leur pays d’ici dix ans. Aditya Assarat montre comment une expo d’art contemporain même pas transgressive est surveillée avec suspicion par la junte militaire. Le style est pourtant extrêmement doux, presque planant, en contraste total avec la violence de la situation, dans la lignée d’Apichatpong.
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https://www.youtube.com/watch?v=E00wvezyP-0
Ensuite, Wisit Sasanatieng a imaginé une dystopie dans laquelle des hommes et femmes-chats persécutent les humains. Ces étonnants félins debout (un peu à la façon des divinités de l’Egypte ancienne), habillés comme vous et moi, dialoguent avec les monstres mi-humains mi-bestiaux de Border du suédois Ali Abassi (vu à Un Certain Regard) et constituent une métaphore à peine voilée du pouvoir militaire actuel. Autre dystopie avec le troisième segment, signé Chulayarnnon Siriphol, imaginant une sorte de centerparc où l’on clone les gens, où les affects sont dictés d’en haut et où l’on envoie les populations se faire exterminer dans l’espace. Siriphol mélange vues réelles et animation dans un style oscillant entre la fin de 2001 et manga naïf.
Last but not least, c’est maître Apichatpong qui conclue l’affaire selon une manière qui n’appartient qu’à lui : la statue d’un empereur thaï dans un square, autour un chantier urbain et des quidams qui discutent travail, argent, agriculture biologique, vie quotidienne. Le rythme est tranquille, les bruits de la ville forment un doux chant du monde, l’allégorie politique est là mais hyper ténue, comme murmurée… Ce bout de film parait tout simple, tout bête, et pourtant, une fois de plus, Apichatpong nous a envoûté, tel le chaman de cinéma qu’il est.
10 years in Thaïland de Aditya Assarat, Wisit Sasanatieng, Chulayarnnon Siriphol, Apichatpong Weerasethakul (Thaï, 2018, 1h35)
Séléction : Séance spéciale
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