Avant de découvrir, le palmarès cannois du jury présidé par Pedro Almodovar, voici celui des Inrocks.
Cinq heures de voyage en train (en fait six heures, grâce a un nouveau retard, comme à l’aller, de la SNCF) auront à peine suffi à nous mettre d’accord. Il y a eu des négociations sordides, des menaces de démission, des allégations violentes (« Le Lynn Ramsay est clair comme de l’eau de roche. C’est vous qui êtes embrouillés« ), des coming-out en surchauffe (« le film des frères Safdie, c’est moi!« ), des fatwa définitives (« Sofia Coppola, c’est encore plus rien qu’avant« , « oui, absolument, le film de Hong Song-soo est misogyne ! on peut le dire ou bien?« , « OK Campillo c’est bien mais c’est pas du grand cinéma! » « Mais c’est hyper chiant le grand-cinéma!« ). Et finalement, en entrant gare de Lyon, nous avons accouché de ça.
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Palme d’or
120 battements par minutes, de Robin Campillo
https://www.youtube.com/watch?v=9z–ubyRNKY
C’est le film qui nous met presque de tous d’accord. Qui nous a presque tous fait pleurer en cascade. Le film n’est pas seulement magnifique. Il a une force d’intervention politique inouïe. Il ferait donc une palme d’or plus qu’idéale : pertinente.
Grand prix
Wonderstruck de Todd Haynes
A l’inverse du Campillo, on pourrait dire que le film est « seulement » magnifique – plus esthète, plus insulaire, moins dans l’intervention au présent, que 120 battements par minute. Mais magnifique, il l’est absolument. Le film rumine tout ce qu’a été le cinéma (ses mythes, son inconscient, sa préhistoire) et tout ce qu’il sera (une pièce de musée) et métamorphose ces méditations mélancoliques en feu de Bengale féerique. On l’accueille donc (et lui fait un gros hug) sur la deuxième marche du podium.
Prix d’interprétation féminine
Kirsten Dunst, Elle Fanning et Nicole Kidman dans Les Proies de Sofia Coppola
On ne va pas les départager. Kirsten est la plus émouvante, Elle la plus magnétique et Nicole Kidman est grandiose. Elles constituent à elles trois une saisissante pyramide d’âges de la vie d’une femme.
Prix d’interprétation masculine
Robert Pattinson dans Good Time des frères Safdie
Good Time de Ben et Joshua Safdie, Ad Vitam
On savait déjà, au moins depuis ses prestations chez Cronenberg (Cosmopolis et Maps to the stars), quelle animalité blessée, quelle sauvagerie sous cocotte-minute, recouvrait ce visage à la symétrie si harmonieuse. En braqueur traqué, il est stupéfiant d’intensité dans Good Time.
Prix de la mise en scène
Josh et Ben Safdie pour Good Time
Avec sa chromie hyper chiadée, ses recadrages abrupts, son style visuel syncopé (reproduisant le petit frisson formel que procuraient il y a vingt ans certains thrillers urbains asiatiques), Good Time est un pur bonheur de filmage. Ce prix lui va comme un gant.
Prix du scénario
The Day After de Hong Song-soo
Il dit ne pas en écrire. Il aborde ses tournages (généralement très courts) sans aucun document écrit. Les acteurs découvrent au fur et a mesure ce qu’il doivent jouer. Et pourtant les récits de ses films sont des mécaniques d’une précision ahurissante. Il est un des tout meilleurs conteurs contemporains. Le prix du scénario va donc (selon nous) à quelqu’un qui se vante de pas en écrire,
Prix du jury
Okja de Bong Joon-ho
Le plaidoyer contre le spécisme et la maltraitance animale de Bong Joon-ho ne nous a pas tous emballés à 100%, mais bénéficiant du soutien de ses fans parmi nous, il se glisse sur la dernière marche du podium
Et maintenant, pour voir nos rêves se fracasser sur l’imperturbable mur du réel, rendez-vous à 19h30 pour le palmarès
Et pour savoir ce que chacun d’entre nous pense de chaque film, rendez-vous ici.
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