Retour au cinéma pour la star Hallyday, livré corps et âme à la caméra de Johnnie To dans le sombre Vengeance. Généreux et lucide, il raconte ici son parcours d’acteur, s’emballe pour Kazan et Eastwood et se désole de sa caricature.
Johnny Hallyday dans ce journal, cela n’avait rien d’évident. Il faut dire que notre chanteur-rockeur national traîne derrière lui un certain nombre de casseroles : une partie de sa discographie gonflée aux mauvaises hormones, son amitié avec le président, ses démêlés fiscaux et ses pubs contribuent à une image générale assez bien synthétisée par la caricature des Guignols, qui fait de lui une sorte de repoussoir pour une partie de nos rédacteurs. Mais malgré ces réticences, on aime aussi certains disques, certaines chansons de Johnny, on admire son aura scénique, on respecte son incroyable longévité.
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C’est ce mystère durable, cette dimension mêlée de star et de héros populaire, ce shining qui fascinent et le placent ailleurs, au-delà des jugements de bon ou de mauvais goût. Il se trouve aussi que Johnny est acteur et qu’il a fini par bâtir, bon an mal an, une filmo assez digne, de Lelouch à Godard, de Jean-François Stévenin à Laetitia Masson. Avec son élégance physique naturelle, sa gueule cabossée de rockeùr vieillissant, ses airs taciturnes, sa silhouette de cow-boy parcheminé, on aurait bien vu Johnny Hallyday endosser des rôles laconiques dans le cinéma américain, ou chez Jean-Pierre Melville.
Comme Johnny, le Hong-Kongais Johnnie To est fan de Melville. Hallyday chez To, c’est un rêve cinéphile a priori incongru qui prend corps, mais qui procède aussi d’une certaine logique esthétique, d’une généalogie de cinéma cohérente. L’intérêt que l’on portait intuitivement à Johnny Hallyday est décuplé par la rencontre. Simple, direct, généreux de son temps et de son attention, non dénué d’humour, parfaitement lucide sur son travail d’acteur ou son statut de star, il se dégage de lui un mélange de candeur, d’authenticité et de franchise, l’épaisseur de celui “dont le nom est en argent et la guitare est en or, mais qui est né dans la rue” et en porte comme la marque originelle indélébile.
Comment s’est passée votre première rencontre avec Johnnie To ?
Johnny Hallyday – Très mal ! Non, je plaisante… J’ai rencontré Michèle et Laurent Pétin, les producteurs, lors d’un dîner chez un ami commun. On discute, Laurent me demande : “Comment se fait-il que vous ne tourniez pas beaucoup en ce moment ?” Je lui dis que je suis très pris par mes tournées. Et puis on ne me propose pas des films que j’ai envie de faire. Là-dessus, il me rappelle cinq ou six mois plus tard : “J’ai une idée formidable, un film avec un réalisateur chinois, Johnnie To.” Un metteur en scène chinois, ça me semblait bizarre, mais pourquoi pas ? Il me donne un premier projet, me dit que ça a été refusé par Delon parce que le personnage est un ancien tueur atteint d’Alzheimer. Je lui ai dit “Moi non plus, Alzheimer, non”. Il me dit que Johnnie To modifierait le scénario pour moi : ce serait toujours un ancien tueur, mais qui a reçu une balle dans la tête, qu’on n’a pas pu extraire, et qui souffre de perte de mémoire. Là, ça me convenait.
Johnnie To vous connaissait ?
Il avait vu L’Homme du train de Patrice Leconte, quelques DVD de concerts, il était intéressé et il est venu à Paris pour me rencontrer. On a dîné ensemble au Balzac, restaurant que je possédais à l’époque, on a passé une soirée formidable. Au moment du départ, il m’a tendu le scénario : “This is for you !” Ça veut dire qu’il n’était pas encore décidé en arrivant, il a attendu qu’on fasse un peu connaissance. J’ai lu le scénario, je l’ai trouvé bien, et voilà, c’était parti.
Connaissiez-vous le cinéma de Johnnie To, les films d’action hong-kongais ?
Honnêtement, non. C’est Laurent et Michèle qui m’ont montré deux ou trois films de lui. Je me suis décidé dès le premier, Exiled, qui est formidable, un peu à la Sergio Leone. J’ai beaucoup aimé le personnage de héros solitaire, ça m’a fait penser aussi aux personnages de Clint Eastwood. Chez Johnnie To, l’image est magnifique, la façon dont il filme… Sinon, je ne suis plus très fan des films de karaté ou de kung-fu, peut-être parce que j’en ai trop vu. Je préfère ce cinéma- là, les fusillades, le polar, le film noir à la Melville. Johnnie To est d’ailleurs un grand fan de Melville, c’est son idole.
Vous auriez aimé tourner avec Melville ?
Et comment ! Ça a failli arriver. J’étais devenu très ami avec lui, je le voyais trois fois par semaine. Il m’avait appelé pour Le Cercle rouge et voulait que je joue le rôle finalement tenu par Gian Maria Volonte, parce que c’était une coproduction italienne et qu’il fallait un acteur italien. Melville en était désolé. Ce qui est drôle, c’est qu’après avoir terminé Vengeance Johnnie To m’a annoncé qu’il allait faire un remake du Cercle rouge avec des producteurs américains et il voulait que je reprenne le rôle de Montand. Ben oui ! J’ai même commencé des répétitions à Los Angeles. Les producteurs américains m’ont dit que Montand avait à l’époque du film le même âge que moi aujourd’hui. Si le remake se fait, j’en serai.
Entre Melville et Volonte, ça ne s’était pas très bien passé…
Ah, ils se sont détestés ! Mais Volonte est un acteur que j’adore, sa personnalité n’a pas collé avec celle de Melville, c’est tout. Avec tout le talent que je lui reconnais, Melville était très à droite, alors que Volonte était communiste. Melville m’aimait beaucoup, aimait beaucoup Delon, allez savoir pourquoi…
Quel genre d’indications vous donnait Johnnie To ?
Pour les dialogues, il me laissait libre, ça lui convenait. Le seul truc sur lequel il a beaucoup insisté, c’était ma façon de tenir le flingue. C’était très important pour lui, d’ailleurs c’est très chinois, très Hong Kong style. Le flingue, il faut le tenir droit, bras tendu, et pas autrement ! Il ne faut pas pencher le flingue sur le côté, comme dans certains films américains, il ne faut pas bouger le bras vers l’avant en tirant.
Vous aviez quelles relations avec les acteurs chinois ?
Anthony (Wong Chau-Sang – ndlr) avait joué dans des films américains, c’était le seul qui parlait bien anglais, avec qui je pouvais communiquer couramment. Mais comme dans l’histoire, les trois tueurs sont mes trois compères, j’ai passé beaucoup de temps avec eux, on bouffait souvent ensemble, et on est devenus amis, comme dans le film. C’est avec eux que j’ai commencé à apprendre un peu la culture chinoise. Par exemple, s’ils ne montrent pas leurs sentiments tout de suite, c’est une forme de politesse. Avant d’exprimer ses émotions, il faut faire preuve d’une certaine retenue. De même, ils ne disent jamais non. Ils disent toujours oui, même quand c’est non ! Finalement, on ne sait jamais si c’est oui ou non !
Vous êtes avant tout chanteur mais, mine de rien, vous avez tourné dans pas mal de films. Lesquels sont vos préférés ?
Je considère que j’ai fait quatre films dont je suis content, sans compter Vengeance. D’abord, Point de chute de Robert Hossein. Il n’a pas marché, mais c’était pour moi un beau film et un beau rôle. D’ailleurs, c’était au départ un scénario de Sergio Leone, ça devait être un western et c’est devenu un polar. Hossein a tourné à la Leone, avec de la musique tout le temps. Le deuxième, c’est Détective de Godard. Puis le Costa- Gavras, Conseil de famille. Et L’Homme du train de Patrice Leconte. Il y a aussi Vengeance bien sûr, mais je ne l’inclus pas encore parce qu’il n’est pas sorti.
Quels souvenirs gardez-vous de votre relation avec Godard ?
Beaucoup d’acteurs s’en plaignent, moi je me suis très bien entendu avec lui. La première fois qu’on s’est rencontrés, il m’a invité à déjeuner chez Dessirier (brasserie connue pour ses poissons – ndlr). On s’est assis. Godard a dit : “J’prendrai une sole. Hein Johnny, toi aussi.” Je voulais pas le contrarier, j’ai répondu “Oui, d’accord”. On a mangé en silence. Et à la fin, il m’a dit : “Formidable, on commence à tourner dans quinze jours. Au revoir.” C’est tout ! Voilà, c’était Godard.
Etre acteur, ça représente quoi pour vous ?
Ce sont des rôles qui sont loin du show business. Si c’est pour faire du Gad Elmaleh ou du Dubosc, c’est pas la peine. Je veux faire du vrai cinéma. Du cinéma d’action ou du cinéma d’auteur. Je ne dis pas de mal de ce que font Dubosc ou Elmaleh, dans leur truc, ils sont très bons, mais ce n’est pas le cinéma que j’ai envie de faire.
Parmi les films dont vous êtes fier, vous n’avez pas cité Love Me de Laetitia Masson, film en partie raté mais où vous étiez formidable en vieux rockeur usé.
Je ne le cite pas parce que c’est un rôle de chanteur. Un chanteur un peu loser… Là encore, le film n’était pas réussi, mais je tiens à dire que ce n’était pas la faute de Laetitia… pas ma femme, Masson. Son montage n’avait pas plu au producteur Alain Sarde, et il l’a fait refaire, alors qu’il n’était jamais venu sur le tournage. Ce nouveau montage n’a pas plu à Laetitia. Elle en a refait un autre… Bref, il y a eu tellement de remontages que le film a été raté. Mais je vous jure que celui de Laetitia était formidable. C’est dommage, ils ont massacré un film. Ça aurait pu être un bon film d’auteur.
Vous n’avez pas retenu non plus Jean-Philippe de Laurent Tuel, qui est intéressant par rapport à vous, à votre statut.
Ce qui m’avait amusé, c’était l’idée d’un Johnny Hallyday qui n’existe pas. J’ai trouvé ça marrant. Et le personnage incarné par Luchini qui, dans le film, connaît mieux mes chansons que moi, puisque je n’existe pas. Le film est intéressant, mais pas complètement réussi. Luchini a fait un boulot formidable sur ce film. Il en fait beaucoup mais il est bien.
Vous avez aussi oublié Mischka, de votre ami Jean-François Stévenin.
Ah, j’aime beaucoup ce film ! Je ne l’ai pas cité parce que je fais un tout petit truc dedans. Je l’ai fait par amitié pour Jean-François, c’est mon pote.
Comment êtes-vous devenus potes ?
Il venait régulièrement voir mes tournées, il traînait souvent dans les coulisses parce qu’il connaissait un de mes gardes du corps. A force de le voir, je lui ai dit “Viens bouffer avec nous à la cantine”. C’est comme ça qu’on est devenus potes. Un jour, il me demande de venir tourner une journée dans Mischka. Ce jour-là, je devais faire l’Olympia le soir. Je lui dis : “Je veux bien venir, mais faut que ce soit en hélico, je peux te consacrer trois heures, puis faut que je retourne à Paris pour être sur scène le soir.” Tope-là, je suis venu en hélico, j’ai tourné les deux ou trois scènes et je suis reparti. C’est vachement bien, Mischka. Il a du talent Jean-François, malheureusement, il fait pas assez de films. Il tourne avec sa tribu, comme il dit. Quand j’ai joué dans Commissaire Moulin, je leur ai dit de prendre Stévenin. Ils m’ont écouté et il était très bien dans le rôle.
Le cinéma est aussi important que le rock pour vous, en tant qu’auditeur-spectateur ?
Bien sûr. Je vois même beaucoup plus de films que je n’écoute du rock, je vous le confirme ! Je regarde tout, je n’ai pas de préférences. Bon, je regarde peut-être plutôt les vieux films, j’adore l’époque de Kazan. Je trouve qu’on n’a pas fait mieux que Kazan. Un homme dans la foule, c’est un chef-d’oeuvre, même s’il n’y a pas d’acteurs connus dedans. Mais j’aime aussi les nouveaux films. Voyons, qu’est-ce qui m’a plu dernièrement… ah, le film avec Mickey Rourke, The Wrestler!
Vous auriez pu jouer dans un film de ce genre, une histoire de showman qui ne veut pas dételer ?
Il aurait fallu que je prenne des piqûres d’hormones, comme lui, pour être bâti comme ça ! Non, je n’en ai pas très envie. Mais c’est un super acteur, Mickey. En plus, c’est un pote. Une fois de plus, c’est Harley Davidson qui nous a réunis. On faisait des balades à moto à Los Angeles ensemble.
Vous avez vu le Clint Eastwood, Gran Torino ?
Bien sûr. Formidable ! Et puis il vieillit bien, Clint Eastwood. C’est un de mes acteurs préférés, parce qu’il en fait pas trop. J’aime bien ces acteurs-là. Vous êtes plutôt cinéma américain, français, cinéma d’action, ou peu vous importe ? Je vois de tout. Je m’en fous de la nationalité ou du genre des films. Polars, westerns, oui, mais même les films romantiques… Out of Africa, j’ai pleuré à la fin, bêtement, comme tout le monde. Titanic aussi, évidemment. J’aime bien aussi les films gore, bizarrement, ça me détend. Le fils d’Alexandre Arcady, Alexandre Aja, fait des films d’horreur aux Etats-Unis, il avait fait le remake de La colline a des yeux. Ses films sont extraordinaires. Je suis très fan des films d’horreur. J’aime bien aussi les comédies, ça détend bien. Un bon film, c’est un bon film. J’adore Tarantino, il y a tout chez lui : le polar, le gore, le rock, la comédie…
Hormis Clint Eastwood, avez-vous d’autres acteurs fétiches, qui seraient vos modèles ?
Je ne dirais pas modèles. Depuis très longtemps, j’adore Marlon Brando, malheureusement, il n’est plus là. Dans la nouvelle génération, celui que je trouve imbattable, qui peut tout jouer, c’est Sean Penn.
Kazan, Brando, Sean Penn… Vous êtes très Actor’s Studio ?
Ouais. Ma culture, c’est l’Actor’s Studio. C’est pour ça que j’adore Un homme dans la foule, A l’est d’Eden, Viva Zapata… Un tramway nommé Désir, c’est génial. La Fièvre dans le sang, c’est extraordinaire ! Natalie Wood, Warren Beatty, là aussi, on pleure à la fin. Quand elle revient, et qu’il est marié, avec des enfants, et elle voit sa femme, on se dit : “Oh, c’est con la vie !” Kazan, j’ai tout vu, j’adore.
Quand vous étiez adolescent, vous alliez souvent au cinéma ou ce goût est-il venu plus tard ?
Ado, j’y allais trois fois par jour. Mais j’allais dans les cinémas de quartier, ça coûtait beaucoup moins cher. Je vivais du côté de la place Blanche, j’allais dans les petits cinémas de Pigalle, qui n’existent plus, comme l’Atomic, ça ne coûtait rien, c’est là que j’ai tout vu.
Comment vous êtes-vous retrouvé sur le tournage des Diaboliques de Clouzot ?
Il y avait un casting, ma tante m’y a emmené, j’avais 12 ans, et j’ai été choisi. C’est un bon souvenir… C’était ma première expérience avec le septième art ! (rires)
Quand vous chantez sur scène, vous avez le sentiment de jouer un personnage, comme un acteur ?
Non. Sur scène, je suis moi-même. Sur scène, je donne aux gens ce qu’ils attendent de moi, en tant que Johnny Hallyday. Ce que je fais depuis cinquante ans, ce que je leur ai donné au départ, ce que je leur donne toujours, avec l’évolution de la musique et de ce qu’un homme peut subir dans sa vie. Au cinéma, on incarne monsieur Untel ou monsieur Untel, c’est totalement différent. D’autre part, au cinéma, il faut en faire le minimum. Sur scène, c’est le contraire. Quand on joue au Stade de France, le geste sur scène doit se voir de loin, jusqu’aux derniers rangs. Si vous faites un clin d’oeil discret au Stade de France, personne ne vous voit ! Sur l’écran, on est souvent en gros plan, il faut faire passer ce qu’on a à l’intérieur par le regard, par des gestes discrets.
Vous avez souvent des rôles de taiseux. Vous êtes plutôt un acteur de présence qu’un acteur de texte ?
Oui. Ce n’est pas que les dialogues me font peur, mais mes héros sont comme ça, taciturnes, peu bavards. Les rôles où il faut beaucoup parler, je laisse ça à Rochefort ou à Luchini, qui font ça très bien. Je ne suis pas ce genre de personnage, j’essaye de rester dans le plausible. Je ne serais pas crédible en jouant un gars qui parle beaucoup, parce que je ne suis pas comme ça dans la vie.
Vous faites un film de Johnnie To, grand cinéaste de renommée internationale. Avez-vous d’autres rêves de cinéma ?
Comme tout acteur, j’aimerais bien tourner un jour sous la direction de Clint Eastwood. Ce n’est d’ailleurs pas impossible, puisque j’ai la chance de le connaître. On est amis dans la vie, depuis l’époque où je vivais à Saint- Tropez. Il allait là-bas, on avait un ami commun. J’avais un bateau, une “cigarette” jaune, et un jour, Clint me dit : “I want to go on the yellow boat. Where is the yellow boat ?” On est devenus amis. On se voit souvent à L.A., où il vit.
Chabrol ?
Ah oui. J’adore Chabrol. Mais tout est une question de rencontre. Dans le cinéma, les gens ont l’habitude de toujours travailler avec les mêmes personnes.
Vous étiez ami avec Paul Gégauff, un de ses scénaristes ?
Ah, c’était mon grand ami pendant longtemps. Mon maître à penser. J’ai passé des nuits entières avec lui, pas toujours dans un état… C’était quelque chose. J’adorais Paul. On avait des atomes crochus. Il était complètement autodestructeur, il en est mort, assassiné bêtement par sa dernière femme qui avait une vingtaine d’années. C’était terrible.
Vous, vous faites partie des rockeurs qui ne sont pas morts jeunes, justement…
Je suis un survivant. Il y a Mick Jagger et moi.
Le fait que votre fille fasse le métier d’actrice, vous voyez ça comment ?
Je suis content, et très fier d’elle, parce que c’est une super actrice, et elle aime ça. C’est un privilège dans la vie de pouvoir faire un métier et d’en vivre quand on aime ce qu’on fait.
D’un côté vous jouez dans un film de Johnnie To, de l’autre, vous faites une pub comme celle d’Optic 2000. Est-ce que vous vous souciez de l’image que vous renvoyez ?
On ne fait cette réflexion qu’à Johnny Hallyday. Je ne sais pas pourquoi à moi. Tous les acteurs font des pubs. George Clooney, c’est pour Nespresso, et il est pourtant une star aussi. Moi, je le fais pour les lunettes, ça arrondit les fins de mois. On ne demande pas à Clooney pourquoi il le fait. C’est pourtant un très bon acteur, et un beau mec en plus. Même ma femme le trouve beau (rires). Mais je veille au grain !
Quand on est une idole comme vous…
Je n’aime pas le mot “idole”, ça fait Claude François.
Une icône ?
Les icônes, ce sont les gens morts.
Disons : “quand on est une personne aimée par beaucoup de gens”
Je préfère ça. …
… est-ce que cet amour aide à vivre ?
Non. On est aimé par beaucoup de gens, mais dans ma tête, je me dis : “Il y a beaucoup de gens qui me détestent.” Et je pense plus aux gens qui me détestent qu’aux gens qui m’aiment.
Et pourtant, il y en a un paquet, des gens qui vous aiment ?
Mais il y a aussi un paquet de gens qui me détestent ! Qui me tournent en dérision, qui me font “ah que coucou”… Au début c’est marrant. Au bout de dix ans… Moi je dis toujours que les blagues les plus courtes sont les meilleures. Ou le “ah que” : je n’ai jamais dit “ah que” ! Je sais bien que c’est de la caricature. Mais les gens simples pensent que c’est vrai, m’identifient à ça, et au bout d’un moment c’est énervant…
Tout le monde est aimé ou détesté…
Quand je répondais que je pensais plus aux gens qui disent qu’ils ne m’aiment pas, c’était une façon de répondre à ta question. Parce que répondre à une question sur les gens qui m’aiment, ça me gêne. C’est sûr que ça me fait plaisir d’avoir été autant aimé depuis cinquante ans, mais ça me gêne d’en parler. Je suis pudique. Malgré tout. Et c’est toujours difficile de parler de soi.
Vengeance de Johnnie To, avec Johnny Hallyday, Sylvie Testud, Simon Yam. Sélection officielle, en compétition
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