Après « Jellyfish », Kiyoshi Kurosawa était de retour à Cannes en 2008 pour présenter « Tokyo Sonata ».
De retour à Cannes pour la première fois depuis le semi-fiasco qu’avait injustement enduré « Jellyfish » lors de son passage en compétition, Kiyoshi Kurosawa a dû se contenter d’une place au sein de l’inégale et discrète sélection Un Certain Regard. Traitement injuste, car son « Tokyo Sonata », qui le voit changer de registre et se pencher sur la famille japonaise, est une merveille, l’un de ses plus beaux films et sans conteste l’un des sommets du festival.
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La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, vous juriez en avoir fini avec le film de fantômes. Tokyo Sonata va en ce sens mais depuis, il y a tout de même eu Rétribution. Alors, où en êtes-vous avec les spectres ?
Je crois que j’en suis un peu prisonnier puisque même dans ce film qui s’intéresse à une famille ordinaire, typique, sur un mode a priori réaliste, si vous cherchez bien, vous trouverez une figure de l’ordre du fantôme dans une séquence de rêve. Il y a une tradition du cinéma japonais qui porte exclusivement sur la famille, j’ai souhaité m’y inscrire pleinement, avec des influences essentiellement issues du cinéma classique. Cela sans que ma démarche ne dévie en rien : j’essaie toujours de décrire précisément un univers familier, quotidien, à travers lequel se réfléchit quelque chose de plus ample, de plus universel.
Avez-vous vu l’autre grand film de famille dysfonctionnelle du festival, Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin ?
Je savais juste qu’il présentait ce film que j’ai très envie de voir. Je suis très attentif au travail de Desplechin depuis le début. Je conserve un excellent souvenir de La Sentinelle, qui m’avait au départ intrigué parce que c’était un polar d’étudiant en médecine. Puis je l’ai vu et j’y ai retrouvé beaucoup de parentés avec mes propres préoccupations.
Pouvez-vous parler de votre travail sur la plastique de Tokyo Sonata, extrêmement impressionnante ?
Jusque-là, je travaillais surtout sur des oppositions entre les ténèbres et la lumière, et la quotidienneté se trouvait soudain colonisée par des zones d’ombre. Ici, le sujet du film appelait un autre traitement, qui opposerait cette fois lumières naturelle et artificielle. Tokyo Sonata parle de personnes d’un même foyer qui se révèlent les unes aux autres leur part d’ombre ; il s’agissait donc d’interroger, via l’image du film, comment se fait le jour, comment peut survenir l’éclaircissement.
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