Le réalisateur était à Cannes en 2008 avec « Le chant des oiseaux ».
Au point d’origine des deux beaux longs métrages d’Albert Serra, il y a une paresse revendiquée et réaffirmée d’un film à l’autre, une réticence au récit et à l’élaboration de fictions neuves. D’où le choix de faire siens les personnages à l’aura mythologique issus de best-sellers fameux de la littérature occidentale – un Don Quichotte rapiécé il y a deux ans dans Honor de Cavalleria, aujourd’hui Le Nouveau Testament et ses rois mages, superbes idiots débonnaires et grisonnants, affolants de drôlerie. “S’emparer d’une histoire déjà racontée et connue de tous permet de ne pas s’embarrasser d’explications. Le travail sur les figures mythiques devient alors plus libre. A la fois en termes de filmage et de traitement, j’y applique un mélange de sacré et de profane, de respect et d’absurde.” Serra surjoue le réac, se veut “rock’n’roll”, et clame avoir jeté tous ses disques postérieurs à 1979, “tous horribles”. Plus délicat et volubile qu’Honor de Cavalleria, son second long métrage n’appartient à aucun genre répertorié, sinon peut-être celui, improbable et radical, de la pantalonnade post-Straub. Le cinéaste catalan y fomente les noces inédites de Pasolini, des Monty Python et du Garrel de La Cicatrice intérieure, en attendant d’appliquer sa méthode à d’autres résidus mythologiques. Sa short-list prévisionnelle ? “Hitler. Staline. Sûrement Fassbinder”, propose-t-il, avant de conclure, narquois : “Je me suis toujours retrouvé dans le fanatisme.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}