Un certain regard.Ce film israélien commence comme une “comédie à l’italienne” d’autrefois, avec tout le poids des conventions familiales et sociales et la drôlerie des situations. D’abord sympathique et drôle, dans sa façon de faire durer des moments de gêne et de ridicule, le film frappe par ses qualités d’écriture et la rigueur simple de […]
Un certain regard.
Ce film israélien commence comme une « comédie à l’italienne » d’autrefois, avec tout le poids des conventions familiales et sociales et la drôlerie des situations. D’abord sympathique et drôle, dans sa façon de faire durer des moments de gêne et de ridicule, le film frappe par ses qualités d’écriture et la rigueur simple de sa mise en scène.
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Avec une belle vigueur, surtout pour un premier film, Dover Kosashvili raconte ce qu’il ne connaît que trop, les préparatifs ritualisés à l’extrême d’un mariage arrangé entre un célibataire impénitent dénommé Zaza et une jolie jeune fille. Issu de la communauté géorgienne, le cinéaste s’attache à restituer la vérité théâtrale des situations, sans jamais tomber dans le portrait à charge ou la caricature. Si Zaza est particulièrement attachant, avec son scepticisme taiseux et son art consommé de la fuite devant les ennuis et une mère pas commode (la propre mère du réalisateur, grandiose et effrayante), ses parents et alliés sont extraordinaires de vitalité, vitalité pouvant aller jusqu’à la grivoiserie tordante ou la pure et simple brutalité.
Mais s’il débute en jouant la carte de la comédie communautaire, le film ne tarde pas à devenir plus complexe et plus grave. Il passe du constat gentiment sarcastique des us et coutumes de ces Juifs géorgiens hauts en couleurs à une réelle modernité de récit. Peu à peu, on comprend que Zaza ne joue au benêt que pour préserver son grand amour clandestin avec Judith, d’origine marocaine et divorcée, mère d’une petite fille, et donc absolument inépousable selon les codes sociaux en vigueur. Dans cette seconde partie, la sensualité se mêle à l’humour, et le sexe joyeux et inépuisable répond aux artifices procéduriers des entremetteuses.
D’une grande franchise sexuelle, Mariage tardif devient alors un bel éloge de la résistance épicurienne à l’ordre établi. Et Kosashvili impressionne par sa capacité à traiter aussi bien les scènes de lit, torrides et mouillées, que la violence d’affrontements qui bloque le rire dans la gorge.
Il y aura arrangement et réconciliation, mais le film ne fait pas l’économie du tragique. Il traite tous ces aspects sans jamais se départir de son charme et de sa fraîcheur de regard. Une belle découverte, une de plus.
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