Une soirée chic et enlevée où le hardeur Ramone a remis un Hot à Marc Barrow pour Profession gros cul. Un métier comme un autre.
Dix ans après leur création, les organisateurs des Hot d’or ont pu mesurer cette année combien leur partie de récompenses en l’air suscite encore gêne et animosité sur la Croisette. L’annulation brutale du traditionnel déjeuner de presse, à peine entamé à l’hôtel Noga Hilton, en ce mardi 15 mai, résonna comme un violent coït interrompu dans la profession du X, mais aussi des journalistes et photographes venus nombreux se rincer l’œil et le gosier. Juste le temps d’entendre les protestations de Franck Vardon, grand manitou des Hot, se plaignant des pressions et de la censure dont le X fait l’objet à Cannes, et d’apercevoir l’atomique Tera Patrick, élue meilleure actrice américaine, ou encore les nouvelles vedettes françaises, Ovidie et Clara Morgane, l’une et l’autre sages et sobres comme deux étudiantes en linguistique à la Sorbonne.
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Il aura donc fallu patienter jusqu’au lendemain soir pour voir le milieu réuni dans une soirée clinquante, « où le tout-Cannes veut être invité sans être vu », selon le persifleur Vardon.
Sur ce fond éternel de censure, horizon naturel du X dès lors qu’il s’expose sur la place publique, une question, grave et lancinante, tarauda cette année nombre d’observateurs extérieurs : l’obscène ne surgit-il pas plus de la vision de Loft Story qu’il ne s’affiche ici sur scène, où les hardeurs défendent, nonchalamment et sans esprit de sérieux, « le 8e art qui nous emporte au 7e ciel » selon l’expression du présentateur de la soirée, Dutilleul.
Vraie question que celle de l’obscénité aujourd’hui, et il n’est pas sûr que les Hot d’or, largement plus inoffensifs qu’on ne l’imagine, gagnent la Palme en la matière.
La soirée elle-même, dominée par la remise d’un Hot d’or d’honneur à Larry Flint, engoncé dans sa chaise roulante plaquée or, s’écoula comme un fleuve tranquille, sans dérapages ni basculements dans des eaux tourmentées et fiévreuses. Une soirée entre gentlemen et dames de bonne compagnie, qui poussa le vice de la normalité jusqu’à recevoir sur scène le musicien Demon, venu mixer son morceau You are my high, pendant que les starlettes se trémoussaient sur scène, en tout bien tout honneur.
Sur le front des récompenses, le raz-de-marée de Fred Coppula s’est répété après ses succès de l’an passé. Elu par ses pairs « meilleur réalisateur de l’année », Coppula a partagé ses trophées avec sa garde rapprochée d’acteurs, tous récompensés comme les meilleurs hardeurs et hardeuses de l’année Estelle Desanges, Océane, Ian Scott et la nouvelle venue Clara Morgane, déclarant « vouloir donner une belle image de la pornographie, et le faire avec beaucoup d’émotion ».
De l’émotion, les Hot d’or nous en livrèrent quelques morceaux de choix, moments de joie en suspension d’une soirée chic et enlevée.
Lorsque, par exemple, le hardeur répondant au joli nom de Ramone remit un Hot à Marc Barrow pour son rôle dans Profession gros cul. Un métier comme un autre. Et surtout quand Pierre Woodman, recevant son Hot d’or du meilleur réalisateur (élu par les lecteurs de Hot vidéo), nous assura que « sur ses tournages, on ne trouve pas de piquouze ». « Que de l’eau minérale et du petit lait, et ça lève », certifia-t-il, dans un sourire jouissif, promesse d’une longue nuit à venir dans une villa secrète de Cannes, où la fête se lâcherait enfin, loin des regards des intrus à qui il resterait le résumé du jour de Loft Story.
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