Sélection officielle. Kore-Eda s’était fait connaître en France il y a environ deux ans, avec la sortie couplée de Maboroshi et After life. Avec Distance, il aborde un sujet d’actualité chaud, bouillant, non seulement au Japon, mais dans le monde entier et particulièrement en France : le film met en scène la réunion anniversaire d’un […]
Sélection officielle. Kore-Eda s’était fait connaître en France il y a environ deux ans, avec la sortie couplée de Maboroshi et After life. Avec Distance, il aborde un sujet d’actualité chaud, bouillant, non seulement au Japon, mais dans le monde entier et particulièrement en France : le film met en scène la réunion anniversaire d’un petit groupe de personnes, toutes proches de victimes du massacre perpétré par une secte trois ans auparavant. Esprit du Temple solaire, es-tu là ?
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Distance débute un peu comme Le Projet Blair Witch, puisque après s’être fait voler son véhicule au cours d’un pique-nique, notre petit phalanstère se retrouve coincé et perdu en pleine forêt, obligé de passer la nuit dans une maison abandonnée. Fausse piste, puisque Kore-Eda ne va pas jouer la carte du thriller d’épouvante, même si Distance est parfois légèrement inquiétant, pas plus que celle du pur traitement de sujet de société. Le cinéaste s’intéresse plutôt aux paysages intérieurs de ces personnes brisées par la tragédie, développant de longues considérations théologiques et métaphysiques sur Dieu, le mal, le sens de nos sociétés modernes et développées.
Cette crise du sens est le thème majeur du cinéma japonais contemporain, à l’image de l’inquiétude obsessionnelle actuelle de la société nippone mais Kore-Eda l’aborde avec moins d’idées de cinéma et moins de puissance formelle que ses jeunes collègues Aoyama ou Kurosawa. Si Distance fonctionne sur le couple (souvent imparable) regard/durée, s’il est parsemé de plans superbes de beauté et de mystère (un lac lunaire et mortifère, une forêt touffue et sans doute pleine de secrets cachés), le film est aussi très bavard et littéral, le tout parsemé de flash-backs assez conventionnels.
Sous son vernis d’inquiétante modernité, et malgré quelques fils narratifs secondaires plutôt obscurs, Distance est finalement assez classique. Entre ce film-là, le très formaliste Maboroshi et le très scénarisé After life, Kore-Eda peine à imposer un style et un univers forts.
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