Sélection officielle - hors compétition.Il est aisé de tomber à bras raccourcis sur le premier long métrage de Roman Coppola (fils de qui vous savez), produit par American Zoetrope (société de qui vous savez), décoré par Dean Tavoularis (décorateur de qui vous savez), interprété par le gratin international. Difficile de trouver plus jet-set. Film d’enfant […]
Sélection officielle - hors compétition.
Il est aisé de tomber à bras raccourcis sur le premier long métrage de Roman Coppola (fils de qui vous savez), produit par American Zoetrope (société de qui vous savez), décoré par Dean Tavoularis (décorateur de qui vous savez), interprété par le gratin international. Difficile de trouver plus jet-set. Film d’enfant gâté, sans doute, et loin d’atteindre la beauté miraculeuse de Virgin Suicides de sa cadette Sofia.
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Roman a choisi de se faire plaisir avec cette déclaration d’amour au cinéma et à l’effervescence artistique pop de la fin des années 60 (CQ se déroule de 1968 à 1970, entre Paris et Rome). Un jeune aspirant cinéaste américain, qui filme son journal intime à la manière de Jim McBride, travaille parallèlement sur une production franco-italienne de science-fiction, Dragonfly, l’histoire abracadabrante d’une super espionne dont le tournage accidenté (les réalisateurs se succèdent, la fin reste à trouver) lui permet de passer à la mise en scène.
L’intrigue décousue sert de prétexte à une visite tendre et admirative, sans la moindre moquerie malvenue et avec une connaissance cinéphilique appréciable, de l’âge d’or néo-hollywoodien. Une époque dont les vestiges musicaux et vestimentaires, régulièrement recyclés, font aujourd’hui rêver mais que plus grand monde ne connaît vraiment. Roman Coppola, si. La preuve en est qu’il a choisi Danger : Diabolik !, le chef-d’ uvre de Mario Bava, comme modèle à Dragonfly. Soit un film génial et libertaire sous ses aspects commerciaux, moderne et pas seulement kitch comme peuvent l’être Barbarella et Modesty Blaise.
CQ montre bien la créativité extraordinaire qui régnait à Cinecittà en 1968 et la circulation insensée entre les différents types de cinéma, de Godard à la série Z, des producteurs mégalos aux artistes underground. Roman Coppola fait faire de jolies choses à de jolies filles, la reconstitution historique est parfaite, chaque acteur a droit à de très belles scènes : Elodie Bouchez en fiancée parisienne, Giancarlo Gianini génial dans le rôle de Dino De Laurentiis, John Philip Law rescapé du Diabolik original, Dean Stockwell bouleversant le temps d’une discussion avec son fils dans un hall d’aéroport.
CQ (qui veut dire Seek you en morse), souvent maladroit et naïf, toujours charmant et émouvant, est traversé de moments magiques (les scènes du film dans le film, la fête du 31 décembre 1970 dans la dolce vita romaine). Cela ne suffit pas à faire une uvre aboutie, mais à combler les fans sincères de l’euro-pop. Roman Coppola n’a pas réalisé un film pour une seule personne (lui-même), mais peut-être pour une centaine. Mais il l’a fait avec sincérité et intelligence,et c’est tout ce qui compte.
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