Auréolé d’un Grand Prix du festival trash de Lille, et déjà célèbre grâce à la volumineuse participation de la poupée Airbag Eve Ferrari (dite Lolo, 130-60-90), Camping Cosmos risque de passer pour un canular alors qu’il s’agit tout simplement d’un bon film, même pas vulgaire. Pour une fois, l’accroche publicitaire (« Un film intelligent, subtil et […]
Auréolé d’un Grand Prix du festival trash de Lille, et déjà célèbre grâce à la volumineuse participation de la poupée Airbag Eve Ferrari (dite Lolo, 130-60-90), Camping Cosmos risque de passer pour un canular alors qu’il s’agit tout simplement d’un bon film, même pas vulgaire. Pour une fois, l’accroche publicitaire (« Un film intelligent, subtil et belge ») tient ses promesses. Avec La Vie sexuelle des Belges, Jan Bucquoy a entrepris une autobiographie filmée qui est aussi le portrait d’un pays.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Camping Cosmos est donc une tranche de la vie de Jan Bucquoy, animateur culturel dans un camping face à la mer du Nord, dont la mise en scène de Mère Courage est un bide (trois spectateurs, dont Roland Mertens, « sorte de BHL belge », alias Noël Godin, conseiller en entartage dans la vie, cuistre littérateur à l’écran). Dépité par son impuissance à intéresser le prolétariat au théâtre (l’élection de miss Cosmos rencontre plus de succès que Brecht), Jan doit en outre gérer le conflit qui l’oppose à sa fille fugueuse. Camping Cosmos entrecroise les aventures politico-sentimentales d’une galerie de personnages hauts en couleur : le propriétaire du camping, beauf et cocu, la vendeuse de frites qui rêve d’aventure… et un vieil obsédé sexuel collectionneur de culottes de poupée interprété par Jacques Callone, l’un des fondateurs du mouvement artistique Cobra, qui joue ici son propre rôle (!). Bucquoy observe la folie ordinaire de ses compatriotes, avec quelques beaux dérapages poétiques. Souvent très drôle, Camping Cosmos dresse pourtant le constat amer d’une génération de militants gauchistes réduits à quêter les subventions ministérielles et à distraire des campeurs avachis. L’un d’eux, speaker à Radio Cosmos, se suicide après avoir inondé les ondes de slogans libertaires. Ces poignantes dérives nihilistes rapprochent parfois le petit monde de Bucquoy de l’univers d’un grand cinéaste, Marco Ferreri. Avant de recevoir une tarte dans la figure, ce dernier envisageait d’ailleurs de filmer le musée de la Femme de Bucquoy qui étend ses provocations dans les milieux de l’art (musée du Slip), du journalisme et de la politique. Et c’est finalement la tendresse que l’on retiendra de cette succession de cartes postales acidulées.
{"type":"Banniere-Basse"}