Le spin-off de “Toy Story” débarque en salles le 22 juin.
Lors du congrès de philosophie de Bologne en 1911, le physicien Paul Langevin présenta une hypothèse, conséquence de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein énoncée six ans plus tôt, qui restera à la postérité sous le nom de “paradoxe des jumeaux”. En résumé, plus un voyageur s’approche de la vitesse de la lumière, plus son horloge ralentit, relativement à celle des autres restés immobiles – bien que pour lui, le temps passe normalement. Autrement dit, un homme resté sur Terre sera plus vieux que son jumeau parti dans une navette spatiale lorsque celui-ci reviendra.
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Cette célèbre théorie, largement prouvée depuis, est au cœur de Buzz l’Éclair, et avant lui de La Planète des singes ou d’Interstellar. Réalisé par Angus McLane (qui avait précédemment co-signé Le Monde de Dory), ce sequel de Toy Story nous est présenté en incipit comme le film préféré du petit Andy, qui en 1995 lui donna envie d’acheter le jouet dérivé.
Héros solitaires
Ici, ce ne sont donc pas les aventures d’une poupée animée que nous regardons, mais celles d’un authentique Ranger de l’espace allant “vers l’infini et au-delà ”. Mais dès les premières minutes, il est impossible de ne pas penser à un autre héros, lui aussi récemment sorti de la malle à jouets : Maverick, le pilote de chasse joué par Tom Cruise dans Top Gun. Et pas seulement parce que Buzz conduit, dans la première séquence, son astronef à la quasi-verticale à flanc de montagne ; ou parce qu’il doit, par la suite, instruire de jeunes recrues ; ou parce qu’il se comporte, tout du long, comme un maverick (un franc-tireur) rétif à l’autorité.
C’est que profondément, les deux films ont le même sujet : le temps qui ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde. Sans que ce soit explicite, Top Gun est également un film infusé par Einstein et Langevin, où Tom Cruise, trop véloce, est incapable de vieillir, contrairement à son “jumeau” Iceman. Buzz et Maverick sont ainsi deux héros à jamais solitaires, coincés dans leur bulle temporelle d’où ils observent les rides se former uniquement sur le visage des autres, condamnés à rejouer des vieux scénarios avec la progéniture de leurs camarades décédés.
Ubermensch
Le film d’Angus McLane tire de ce principe ces plus beaux moments, dans une première partie vertigineuse qui s’appuie sur ce que le studio Pixar sait faire de mieux : arracher de la vie à des corps numériques en les confrontant à leur mortalité, comme dans Up, Coco, Soul ou Toy Story 3.
La suite, plus convenue, se hisse néanmoins dans le haut du panier du studio à la lampe. Buzz y met son humanité à l’épreuve face à des robots tantôt hostiles (les mystérieux Zurg) tantôt complices (le merveilleux chat Sox), mais surtout en compagnie d’outsiders qu’il va devoir, en bon héros hawksien, amener à devenir le meilleur d’eux-mêmes. Buzz l’Éclair est de ce fait un beau film sur l’apprentissage, qui diffère pour le coup de Top Gun : ici, il y s’agit moins de former des ubermensch nietzschéens (des surhommes) que d’être soi-même un mensch, au sens yiddish : un type bien, honnête et magnanime.
Buzz l’Éclair d’Angus MacLane, actuellement en salle
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