Gros suspense dans un cercueil : fausse bonne idée au départ, virtuosité vaine à l’arrivée.
Un camionneur sous contrat avec l’armée américaine en Irak se retrouve, après l’attaque de son convoi par des terroristes, enterré vivant dans un cercueil.
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A sa disposition : un téléphone portable, un Zippo et 1 h 35 d’oxygène.
Ce pitch, vous l’avez certainement déjà entendu, à moins d’avoir vous aussi passé les trois derniers mois dans le désert irakien. A Hollywod, on appelle ça un “high concept”, une idée tellement forte et originale qu’on se la refile entre collègues à l’happy hour, entre deux tournées de cacahuètes, assurant neuf fois sur dix le succès du film au box-office. Si de surcroît le film ne coûte rien à fabriquer (Le Projet Blair Witch, Paranormal Activity…), c’est la garantie de passer pour un petit génie.
Avec tous ces éléments dans sa besace, plus quelques références savamment glissées dans l’oreille du critique (Tarantino, Hitchcock – qui est d’ailleurs le père du “high concept”, vingt-cinq ans avant sa systématisation par Simpson/Bruckheimer dans les 80’s), Buried a donc tout du champion. Médaille méritée ?
Oui et non. Buried séduit évidemment par son efficacité, et le minifrisson théorique qu’il procure peut dans un premier temps suffire à notre pitance. Mise en abyme du spectateur de cinéma lui aussi bloqué dans un caisson noir (Hitchcock, donc), le film de Rodrigo Cortés distille une angoisse tenace, accentuée par quelques effets de suspense opportuns.
Mais l’exercice de style fun vire à l’épuisante démonstration de force, dès lors que la grosse machine hollywoodienne reprend ses droits : le scénariste débutant se croit ainsi obligé de dénoncer quelque chose (le cynisme des patrons, la gabegie des bureaucrates, la cruauté des terroristes, la mocheté de la guerre, tout ça tout ça), le réalisateur espagnol déploie tout feu tout flammes son savoir-faire technique (“oh la belle bleue!”), et l’acteur Ryan Reynolds (aimé dans Adventureland) croit tenir le rôle de sa vie en grommelant, la bouche pleine de terre.
Moralité : même seul et six pieds sous terre, les executives, eux, ne vous oublient pas.
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