En 1934, Capra vient de connaître son plus gros succès commercial avec New York Miami et s’apprête à réaliser l’un de ses films majeurs, Mr Deeds. Pour se faire la main, il décide de tourner rapidement Broadway Bill, qui rappelle New York Miami par sa densité narrative et son montage nerveux, mais ouvre déjà largement […]
En 1934, Capra vient de connaître son plus gros succès commercial avec New York Miami et s’apprête à réaliser l’un de ses films majeurs, Mr Deeds. Pour se faire la main, il décide de tourner rapidement Broadway Bill, qui rappelle New York Miami par sa densité narrative et son montage nerveux, mais ouvre déjà largement la porte aux grandes thématiques sociales de Capra dans les années 30 : les oppositions de classes, la victoire finale des petites gens sur les profiteurs. Broadway Bill joue d’abord de l’opposition au sein d’un même milieu : la riche famille d’un industriel et ses trois filles soumises à l’étiquette et aux convenances sociales, prises dans le carcan du profit à laquelle s’oppose la soif de liberté d’un individu isolé (Warner Baxter), marié à l’aînée, qui décide de fuir la haute bourgeoisie et de retourner dans le monde des courses. La liberté s’incarne donc assez bizarrement en un cheval de course, Broadway Bill, dans lequel notre héros place tous ses espoirs de réussite. Broadway Bill est sans doute l’un des films les plus exemplaires de Capra par cette volonté de mener de front la satire sociale gentillette (loin du cynisme mordant de Hawks ou de l’ironie décapante de La Cava) et la comédie New Deal. Tout cela a plutôt mal vieilli et on continue à avoir des réticences devant ces paraboles parfaites, cet optimisme permanent dans la bonté des hommes, ces revirements improbables qui poussent ici le riche industriel à abandonner ses entreprises, sa famille et son fric pour rejoindre notre héros dans la vie ambulante des champs de courses.
Mais autant l’idéologie boy-scout semble aujourd’hui très vaine, autant Capra excelle à représenter les mouvements de foule. En quelques plans rapides et nerveux, il montre la rapidité avec laquelle l’information circule, grossit, se déforme pour devenir événementielle. Très réussie aussi, une scène de manipulation si efficace et convaincante que son instigateur est pris à son propre jeu et finit par croire à la fausse information qu’il a répandue. C’est dans ces moments surpeuplés que Capra est le meilleur critique social possible. Signalons enfin que le film ne fonctionnerait pas sans la qualité des seconds rôles et de la direction d’acteurs. Capra parvient même à rendre convaincant le jeu du cheval et de son inséparable ami, le coq apprivoisé. Ce n’est pas rien.
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